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ALASSANE OUANGRAOUA, PRESIDENT DE LA FEDERATION BURKINABE DE CYCLISME: « Ce n’est pas le départ de ma personne physique qui pose problème »

Depuis le championnat national A de cyclisme, le 5 juillet 2015, sur l’avenue Charles de Gaulle et la grave blessure du coureur de l’AS Bessel, Salfo Bikienga, ce n’est plus le grand amour entre la Fédération burkinabè de cyclisme (FBC) et un certain nombre de clubs, voire certains supporters.  Ce ne sont pas les déclarations, les conférences de presse et autres interviews qui diront le contraire. Depuis lors, c’était silence radio au sein du comité exécutif de la FBC et de son président Alassane D. Ouangraoua. Pour nous, celui qui dirige la fédération depuis plusieurs années a accepté de délier la langue pour faire quelques révélations. Prostré dans le confortable fauteuil en cuir noir de son bureau, c’est un président tourmenté et affecté par les récents événements autour du cyclisme qui s’est prêté au jeu des questions et réponses. Parfois songeur, quelquefois courroucé, Alassane Ouangraoua a répondu aux diverses questions à lui posées : ses relations avec les clubs et les supporters, les exigences de son départ, l’accident de Salfo Bikienga et l’absence d’ambulance, la guéguerre entre coureurs, son avenir à la tête de la FBC, les 36 millions de F CFA du ministère des Sports et des Loisirs, le Tour du Faso… Exclusivité !

 

Le Quotidien : Depuis le 5 juillet dernier et l’accident de Salfo Bikienga, lors du championnat national A, la vie au niveau de la Fédération burkinabè de cyclisme est loin d’être un fleuve tranquille. Comment vivez-vous cette situation ?

Alassane D. Ouangraoua : Je me porte physiquement bien. Mais, dans la tête, je ne me porte pas aussi bien que cela, à cause de certaines situations que je déplore. Mais, il faut les affronter. Il ne faut pas fuir le problème, mais l’affronter pour trouver la solution. C’est la situation que nous vivons au niveau du cyclisme burkinabè qui commence d’ailleurs à trouver des solutions. La situation s’apaise et je pense que chacun a intérêt à mettre de l’eau dans son vin afin que nous puissions continuer à appuyer le cyclisme burkinabè au profit de ces jeunes sportifs qui défendent vaillamment les couleurs du Burkina Faso.

Au regard de la situation qui prévaut actuellement, marquée par la sortie de certains présidents de clubs et d’un groupe de supporters, peut-on parler de cassure ou de malaise ?

Une cassure ? Je dirai non ! Mais, un mécontentement, un mouvement d’un échantillon de clubs contre la fédération, je dirai oui ! C’est aussi ce que nous déplorons. Nous estimons qu’ils doivent effectivement se retenir. Nous devons tous travailler pour apaiser cette tension. Mais aussi passer par les structures reconnues parce que la Fédération est organisée. Je crois qu’il faut que nous puissions suivre ce schéma pour résoudre certains problèmes. Comme je l’ai dit, il y a un groupe de supporters qui se sont manifestés. C’est leur droit. C’est bien qu’ils aient créé une association. Mais, ce serait encore mieux si cette structure passait par les autres structures organisées, comme les clubs, les ligues et la fédération. C’est ce que je souhaite. Mais, au niveau de la fédération, nous allons travailler à rencontrer les clubs pour apaiser cette situation. Je dirai aux supporters que nous luttons pour la même cause. C’est la méthodologie qui n’est pas la même. Mais, c’est un objectif commun, à savoir booster le cyclisme burkinabè. Mais, c’est dommage. Cela ne s’est pas passé comme on le souhaitait. J’espère que les gens vont comprendre et qu’ils vont revenir à la raison pour qu’ensemble, nous puissions dialoguer. Ce qui me touche encore plus, c’est que, jusqu’à l’heure où je vous parle, aucun supporter ne s’est approché personnellement de moi pour demander qu’on échange sur certains points. Ils pouvaient aussi passer par leurs clubs qui allaient saisir la ligue. Ce qui devait arriver arriva, par rapport à l’accident. C’est vraiment déplorable. Personne ne l’a souhaité. Non seulement, je suis le premier responsable de cette fédération et encore, Salfo Bikienga est un coureur de l’équipe nationale. Grâce à Dieu, Salif est sur pied. Je répète que c’est une situation que je déplore. J’espère le revoir sur Charles de Gaulle. Si on s’est tu pendant tout ce temps, c’était d’abord pour voir l’état de santé de ce sportif qui pour moi était grave. A partir du moment où je suis rassuré que ce monsieur va bien, on a pu reprendre. Dieu merci, il n’a pas eu de fracture. Il a juste eu une plaie profonde. Je prie Dieu pour que sa santé prospère et qu’il puisse reprendre les entrainements.

Qu’avez-vous justement à répondre à ces supporters qui avaient laissé entendre qu’il n’y aurait plus de courses sur l’avenue Charles de Gaulle tant que vous ne démissionnez pas ?

Je dirai d’abord que ce n’est pas une association des supporters du Burkina Faso, mais plutôt d’un groupe de supporters émanant d’un certain nombre de clubs. Avant de répondre à la question, je voudrais mettre au point certaines choses. Ce ne sont pas les supporters qui mettent en place une fédération. Il y a les ligues et les clubs ayant rang de ligues comme Banfora où il y a un seul club. Il y a également les districts comme Bobo qui est à la fois une ligue et un district. Il y a aussi les ligues comme Ouahigouya, Boussé, Zorgho, Kaya, Tenkodogo, Kongoussi, Ziniaré, Koudougou, Tougan, Dédougou et Ouaga. Ce sont les clubs qui mettent en place les ligues et les ligues mettent en place la fédération qui rend compte au ministère. Voilà comment les choses se passent. Ces gens ne représentent pas tous les clubs du Burkina, mais un échantillon de clubs. Nous aurions dû trouver une solution, dialoguer pour s’entendre. Comme je l’ai dit, nous allons nous retrouver en conseil de gestion. Je travaillerai pour que ce conseil de gestion puisse se tenir au mois d’août. C’est â travers ce conseil qu’on sera fixé. Mais, je répète que ce n’est pas le départ de Ouangraoua, de ma personne physique qui pose problème. Non ! Mais, quand vous faites une lecture de la situation, vous voyez la façon dont la chose est instrumentalisée. Est-ce que ces gens-là ont le bagage nécessaire pour conduire la Fédération ? Seront-ils à mesure de maintenir le niveau du Burkina Faso ? Je me pose ces questions. A ce jour, faites l’inventaire et tirez les conclusions. Quelle est la fédération qui a pu ramener plus de cinq maillots jaunes ? Bangba a eu le maillot jaune du Tour du Faso, tout comme Aziz (Aziz Nikiéma), Rasmané Ouédraogo. Aziz Nikiéma, Rasmané Ouédraogo et Hamidou Yaméogo ont aussi remporté le Tour de la CEDEAO. Noufou Minoungou a remporté trois fois le maillot jaune du Tour du Togo. Hamidou Yaméogo et Bangba Zidwenba l’ont remporté, tout comme Harouna. Nous venons de remporter le Tour du Bénin pour la première fois. Oumarou Minoungou a remporté le Tour du Cameroun. Qu’est-ce que vous voulez ? Par rapport aux fédérations passées, nous avons fait des résultats. Si ce sont les résultats, nous les avons ! Nous disons que si nous devons partir de cette manière, ou sur l’exigence de ces supporters, nous mettrons en péril l’existence du cyclisme. Ce n’est pas comme ça qu’on arrivera à gérer nos structures. Sinon, ce n’est pas la peine de les mettre en place. Quand on s’est rencontré, j’avais dit de faire beaucoup attention et de réfléchir avant d’agir. En tout cas, la Fédération burkinabè de cyclisme va organiser le conseil de gestion et va convier tout le monde. Le Conseil de gestion va regrouper l’ensemble des clubs et des ligues. Nous allons poser tous les problèmes. Si le Conseil de gestion demande de continuer le mandat, nous allons le continuer. S’il dit que notre bilan n’est pas positif, je ne ferai pas d’opposition. Mais, je ne vais pas céder à des   manifestations. Est-ce que ce genre de manifestations fait honneur au cyclisme burkinabè, je dis non !

Il est également ressorti que le ministère des Sports et des Loisirs avait octroyé 36 millions de F CFA aux clubs et que cet argent a été utilisé par la FBC pour ses propres besoins. Il a également été fait cas de dotations en vélos qui seraient impartialement gérés. Qu’en est-il ?

Avant que nous ne nous disions au revoir, je vous donnerai une copie du budget que je vous demande d’exploiter. Ce budget prend en compte les activités de l’année 2015 de la Fédération burkinabè de cyclisme. Je ne pense pas qu’il s’agisse de ce budget. Si c’est le cas, je crois qu’il faut poser la question au ministre des Sports et des Loisirs. Il faudra lui demander si le budget qu’il a ordonné et que son directeur général des Sports et le DSHN (Directeur des sports de haut niveau, Ndlr) ont arbitré était à distribuer aux clubs. Il m’a donné des instructions et j’ai exécuté. Mais, si c’est du même budget qu’on parle, c’est 36 400 000 F CFA et c’est pour exécuter le programme d’activités 2015 de la Fédération. C’est dommage que j’en arrive à publier ces documents. Pour ce que nous gagnons en Afrique, pour le rang du Burkina, c’est grave. Les gens n’oseront pas croire que c’est avec cet argent que nous sommes en train de rafler tous ces maillots en Afrique. Il y a par exemple, dans ce budget, l’inscription du Tour du Faso 2015 et 2016, les championnats d’Afrique dont les réunions doivent se tenir le 4 août en Afrique du Sud, pour savoir où ils se tiendront. Le ministère a déjà arbitré et donné le budget. C’est dans cet argent que nous devons acheter les billets, même si on doit aller en Afrique du Sud. Dans ce cas, il faudrait acheter le billet qui coûte environ 800 000 F CFA pour dix personnes. Aux championnats d’Afrique, on ne prend pas en charge. L’hôtel, la restauration ce sont les fédérations qui prennent en charge leurs équipes. Le matériel, la santé des coureurs, c’est nous qui les prenons en charge.

Je reconnais que cette année, nous avons prévu des frais de fonctionnement d’un million de F CFA pour la fédération. Peut-être que c’est de cela qu’ils parlent. Il y a aussi un million de F CFA pour la direction technique, ce qui est une très bonne chose. Parlant du document qui est ici, rien ne dit qu’il faut répartir cet argent entre les clubs. Tout est bien défini ! Par exemple, pour le Gabon nous avons sollicité dix millions de F CFA et nous avons reçu 3 millions de F CFA. Vous pensez qu’avec cette somme qui prend en compte six coureurs et trois dirigeants, on peut y aller en avion ? Ce n’est pas possible ! Je dis que je suis fier de recevoir ce budget et, en tant que Burkinabè, de faire avec. J’utilise cet argent à bon escient pour escompter des résultats. C’est le budget de toute l’activité 2015, y compris le championnat national. Vous ne verrez pas le Tour du Bénin ni celui du Togo dans le budget parce que ce n’est pas pris en charge. Nous partons supplier le ministère et leur demander de nous accompagner. C’est pourquoi, souvent ils nous donnent quelque chose. Ils trouvent une formule pour qu’on aille défendre nos couleurs. Quand on part, on gagne et ils se rendent compte qu’ils ont eu raison de nous accompagner. Pour le Tour du Togo, le ministère nous a donné trois millions de F CFA et un million pour le Tour du Bénin. La location du véhicule que vous condamnez faisait soixante mille F CFA par jour, soit six cent mille F CFA. Sur le million, il restait quatre cent mille francs. Chacun des sept coureurs a pris cinquante mille francs CFA tout comme les deux entraineurs avant de partir ; et les décharges sont là. La prise en charge fait quatre cent cinquante mille francs. Nous sommes déjà à un million cinquante mille francs. Le carburant a coûté cent cinquante mille francs. Les clubs acceptent que les cyclistes courent avec leur vélo. Mais, il faut les chausser, leur acheter les pneus et les chambres à air. Le tout remontait à plus de cent quatre-vingt mille francs. Le ravitaillement faisait cent quarante mille francs. Toutes les dépenses remontaient à plus d’un million huit cent mille francs. Souvent, les autres disciplines se plaignent que la fédération de cyclisme sort alors qu’eux ne sortent pas. Un jour, un responsable du ministère leur a dit d’aller demander au président de la fédération comment eux ils s’arrangent pour sortir. Par exemple, nous avons des personnes ressources et des sponsors qui nous accompagnent. Nous ne comptons pas forcément sur le budget pour sortir. Même concernant le championnat, vous verrez qu’il y a des catégories qui ont eu de la compétition alors qu’elles n’ont pas été prises en compte dans le budget. Mais, on l’a fait pour le bonheur du cyclisme.

Qu’en est-il des vélos ?

Comme je l’avais dit, nous avons eu une dotation de vingt vélos. L’un des vélos a été directement offert par l’ancien chef de l’Etat (Blaise Compaoré, Ndlr) à Bangba Zidwenba Hamidou. Il en restait dix-neuf. Tarbagdo Etienne a chuté avec l’un des vélos au Tour du Togo. Le vélo est cassé et est irrécupérable. Je crois que Sokondo Abdou ou Bamogo Seydou a eu une chute au Tour du Faso. Le vélo est également cassé. Il en reste dix-sept qui sont toujours là et effectivement conservés chez moi. Mais, pourquoi ils sont à l’immeuble EODA ? Nous avons effectivement un siège, un bureau dont nous avons hérité des équipes précédentes. Je vous invite à venir voir le bureau pour voir si on peut mettre dix-sept vélos là-bas et s’asseoir pour faire une réunion. Cela fait plus de six ans que j’ai donné l’espace sur ce même bâtiment à la fédération pour poser son matériel.  Avant l’acquisition de ces vélos, il y avait d’autres vélos au stade du 4-Août qu’on nous a demandé de venir récupérer pour libérer leur magasin. Lorsqu’on est allé les récupérer, où est-ce qu’on allait les mettre ? Si les vélos qui sont dans l’un de mes appartements posent problème, qu’ils viennent les prendre pour les amener ailleurs. Ainsi, je vais pouvoir louer mon appartement. La location de cet appartement, ce n’est pas moins de deux cents mille francs CFA par mois. Faites le calcul. Ne pensez-vous pas que c’est un apport au cyclisme ?

Quand on dit que je démonte les pièces des vélos. En réalité, les pièces ne sont pas les mêmes. Les pièces qu’on trouve sur les vélos de l’équipe nationale ne sont pas de la même marque que celles des vélos du RCK. Je n’ai pas besoin de ça. C’est une insulte envers ma personne. Ceux qui ont parlé de ça ne me connaissent pas. Je vais vous demander d’aller demander à Abdoul Wahab Sawadogo. Je souhaite que vous alliez lui demander comment se passe l’entretien de ces vélos. Et où Ouangraoua achète ses pièces, quelles sont ses sources d’approvisionnement et quelles sortes de matériels il paie. Soré Ousmane dit Foker, c’est avec lui que j’achète mes vélos. Allez lui demander. Quatre-vingt-dix pour cent des vélos que j’ai achetés, c’était avec lui. Allez lui demander. Vous rendrez service au public burkinabè. Car, vous allez éclairer l’opinion. C’est très important. Nous pourrons aller voir les vélos à l’issue de l’entretien. Vous pourrez les photographier. Vous verrez ce que cela me coûte comme espace et ce que cela pouvait me rapporter. Ceux qui parlent et ceux qui poussent les gens à parler, au lieu de faire ça, venez nous aider à trouver un siège. Peut-être que j’aurai pu utiliser l’argent de la location pour le réinjecter dans le cyclisme. Le RCK n’a pas besoin de démonter des pièces. Je vais même vous montrer le stock de matériels que j’ai achetés pour le RCK. Je pense que les gens devaient nous approcher au lieu de nous accuser. Nous sommes des responsables. C’est dommage, mais je pense qu’on va se rencontrer et qu’on va se comprendre.

Vous avez parlé de rencontrer les différents clubs pour essayer de vous entendre. Les avez-vous déjà contactés à cet effet ?

Non, pas encore. Nous avons eu une conférence de presse. Nous allons ensuite approcher les ligues. Au fait, c’est la ligue du Centre. Nous allons l’approcher. J’ai une mission, ce n’est pas sûr que je puisse l’approcher maintenant. Mais à mon retour, je vais le faire.

Qu’est-ce qui explique l’absence d’ambulance pendant le championnat national A ?

Nous avons écrit aux sapeurs-pompiers. Dans la même lettre, il y avait le championnat B et le championnat A. Au championnat B, ils étaient là mais il n’y avait pas de blessures. Au championnat A, ils n’étaient pas là. Mais, c’est avant tout un championnat. Excusez-moi mais, pour la constitution des clubs, il faut une commission santé. Avez-vous déjà vu une équipe de football qui vient au stade sans son médecin ? Au cyclisme aussi c’est comme ça. Mais, depuis des années, les responsables, les organisateurs demandent l’assistance des sapeurs-pompiers. Ce n’est pas mauvais, c’est bien. Mais, est-ce que les sapeurs-pompiers sont tenus d’être toujours présents aux courses ? Est-ce que c’est seulement le cyclisme que les sapeurs-pompiers doivent couvrir ? S’ils arrivent à le faire pour certaines compétions, je leur dis merci. Ils n’ont pas pu le faire. Mais, il y avait des dispositions qui avaient été prises. La prise en charge du véhicule avait déjà été payée, ainsi qu’un infirmier. La fédération a sa commission santé. C’est le major Kindo qui s’occupe de ça. Il était là pour les premiers soins. Le ministère a aussi mis à notre disposition le colonel major Liliou. C’est eux qui se sont occupés du blessé.  Même s’il y avait les sapeurs-pompiers ce jour-là avec la foule, il était impossible d’avoir accès au blessé. Bref, on a pu évacuer l’enfant à l’hôpital avec nos moyens de bord. Quand les sapeurs-pompiers évacuent, je sais que ce n’est pas dans les mêmes conditions. Mais, ce ne sont pas les sapeurs-pompiers qui font la prise en charge. Ce sont des professionnels. Ils transportent le malade aux urgences puis ils repartent. Avant que Salif n’arrive à l’hôpital, il y a des dispositions qui avaient déjà été prises. Il faut saluer la présence du médecin colonel-major Liliou. Il a pris toutes les dispositions assisté de l’infirmier de la fédération. Les gens ont commencé à crier. Ça peut nous créer des problèmes ! Admettons que les sapeurs-pompiers refusent de venir maintenant et que nous n’avons pas les moyens de payer une ambulance, on fait quoi ? On est obligé de dire aux clubs que s’ils n’ont pas d’ambulance, ils ne compétiront pas. Appliquer pour appliquer, appliquons ! Quand on a lancé le Tour, je suis revenu pour le championnat féminin. C’est après le championnat féminin que je suis parti pour croiser le peloton. C’est là que j’ai été interpellé. Effectivement, j’aurais dû appeler avec le téléphone ou envoyer quelqu’un rappeler les sapeurs-pompiers. Avec le report du championnat, il y a beaucoup de courriers qui arrivent et ça peut être déclassé. Voilà les explications que je peux donner. Mais, nous assumons cette responsabilité. Ça été une faille au niveau de l’organisation. Maintenant, quand il y a une compétition, on va préciser que ce sont les équipes qui prennent les soins médicaux en charge. Comme ça, s’il y a des sapeurs-pompiers, ce sera tant mieux. Ils devront s’assurer puisque la fédération est déjà assurée. Sa police d’assurance est à jour. Un constat a été fait. On a adressé deux correspondances et j’ai les justificatifs ici devant moi. Bientôt, nous allons envoyer à la police. Nous attendons de l’AS Bessel (club de Salfo Bikienga, Ndlr) certains documents pour tout compiler et déposer au niveau du service des accidents de la police qui va ensuite l’envoyer à qui de droit. A l’avenir, nous allons préciser cela dans l’avis de compétitions. Les clubs devront être assurés et avoir leurs médecins. La présence du médecin sera obligatoire. Le même coureur avait fait une chute lors d’une course à Dédougou. Mais, c’est le médecin de l’AS Bessel qui s’est occupé de lui. Si les sapeurs-pompiers sont là, c’est bien. Mais s’ils ne sont pas là, il faudra trouver d’autres solutions. Ainsi, chacun prendra ses responsabilités.

L’année dernière, le Tour du Faso n’a pas eu lieu. Mais cette année, le gouvernement de transition a confirmé sa tenue, en octobre prochain. Comment se passent les préparatifs ?

J’ai officiellement reçu deux correspondances. La première me confirmant que le Tour aura bel et bien lieu cette année. La deuxième lettre était pour confirmer le circuit. Nous allons l’envoyer à l’UCI (Union cycliste internationale, Ndlr) afin que des dispositions puissent être prises pour le contrôle antidopage et l’envoi du commissaire UCI qui aura la charge d’officier la course. Nous attendons effectivement certaines nominations dont celle du président, que ce soit par arrêté ou autre pour qu’on puisse le savoir. Nous savons aussi qu’il y aura désormais un secrétariat permanent pour le Tour du Faso. Il y aura en tout cas une personne ressource que le ministère va nommer et qui travaillera avec la fédération pour le Tour. Cela va permettre au fur et à mesure de professionnaliser les choses. Il y a déjà plus de dix-neuf pays qui sont à la porte. Mais, nous attendons les dispositions que le ministère va prendre incessamment. A ce moment, nous allons commencer les préparatifs. Mais, parallèlement, on travaille. On ne va pas attendre à deux mois du tour pour faire cela. Mais, quand cela sera fait officiellement, ça va nous donner plus de possibilités et les tâches pourraient être beaucoup plus élargies. Il y aura une cérémonie officielle à laquelle nous allons convier toute la presse, qu’elle soit nationale ou internationale pour dévoiler officiellement le Tour du Faso.

La période du Tour, c’est octobre tout comme les élections, le 11 du même mois. Les consultations électorales ne vont-elles pas, d’une manière ou d’une autre, jouer sur la tenue effective du Tour ?

Nous avons effectivement vu cet aspect. Le ministère a également attiré notre attention. Nous avons même approché l’UCI. Mais, l’UCI a bien dit que le tour porte bien le nom « Faso », mais n’appartient plus au Burkina Faso. C’est un tour mondial qui porte le nom « Faso ». C’est nous qui l’avons créé. Mais, il est hébergé sur un plan mondial. Nous avons même voulu toucher aux dates, mais l’UCI a dit que ce n’était pas possible. Le Tour du Faso peut se courir au Burkina Faso sans qu’une seule équipe du Burkina ne participe. Admettons qu’on nous suspende, le Tour du Faso aura lieu tout de même. Si on s’amuse, on peut sanctionner notre pays. Donc, le Tour du Faso est une création du Burkina Faso, mais il est aujourd’hui classé à l’UCI. Le Burkina Faso n’est plus décideur des dates. D’ailleurs, les dates sont connues deux ans avant le tour. C’est entre la dernière semaine du mois d’octobre et la première semaine du mois de novembre. Ça sera donc sûrement après les élections du 11 octobre. Et nous souhaitons que ça se passe bien pour que nous puissions faire le Tour de la Transition.

Lors de la conférence de presse que vous avez animée, l’ancien cycliste Sayouba Zongo avait dit qu’il fallait régler le problème entre Rasmané Ouédraogo et Salfo Bikienga afin que les cyclistes se parlent et se pardonnent avant de passer à autre chose. Ne pensez-vous pas que cette histoire puisse affecter l’équipe nationale qui disputera le prochain Tour ?

Ce sont des propos de Sayouba. Malheureusement, il n’a pas pu se retenir et ça a failli déborder. Dieu merci, tout s’est bien passé. Nous ne recevons pas d’instruction de Sayouba. Mais, nous pouvons prendre en compte ses suggestions à toute fin utile. Nous sommes déjà là-dessus. Des gens travaillent à réconcilier les jeunes. Même que d’autres supporters ont fait une action. Ils ont même retenu quatre anciens, à savoir Abdoul Wahab Sawadogo et Jérémie Ouédraogo, Gueswendé Kaya Sawadogo et Boukari Kagambega afin qu’ils travaillent à réconcilier les cyclistes. Cela, avec l’aval de la fédération. Il y a une autre mission que nous allons effectuer au nord puisque Salif, Yerbanga, Rasmané Ouédraogo, Porgo, Tall et son petit frère ainsi que d’autres coureurs sont issus de la ligue de Ouahigouya. Nous allons prendre attache avec cette ligue puisque c’est par elle qu’ils sont à Ouaga pour voir comment est-ce que nous pouvons apaiser les cœurs. Mais, avec ces gens qui disaient « Toi là, on ne veut pas te voir. Il faut que tu démissionnes », comment moi, je pouvais aller voir ces gens pour négocier quoi que ce soit ? La fédération est une structure bien organisée. On aurait pu s’asseoir pour en discuter. Mais, voilà déjà des supporters qui ont fait cette proposition. Ce que Sayouba a dit n’est pas mauvais. Mais, est-ce qu’avec l’environnement qu’on avait on pouvait évoquer la question ? Pour réconcilier deux personnes, il faut beaucoup réfléchir, agir avec tact. On ne se lève pas comme ça. Ça peut ne pas marcher. On a toutes les chances d’échouer. Mais, il faudrait qu’on réfléchisse à comment on doit s’y prendre. Qu’on mette des choses dans la tête de ces jeunes et les combattre aussi. Vous avez vu hier, il y a des gens qui ont dit qu’il faut que Rasmané vienne se mettre à genoux pour demander pardon à Bikienga. Vous pensez que c’est comme ça qu’on peut résoudre le problème ? Je dis non ! Il faut chercher la méthode, la formule pour ne pas vexer tout un chacun et arriver à obtenir une réconciliation. Si nous partons comme ça et que les gens se rentrent encore dedans, qu’est-ce qu’on fait ? Moi en tout cas, je ne peux pas assumer. Donc, je ferai très attention. Que ce soit avec ou sans Ouangraoua, nous avons toujours besoin d’eux. Nous avons intérêt à ce que ces enfants s’entendent, s’acceptent et se tolèrent. Les coureurs savent où se trouvent leurs intérêts. Si vous voyez qu’ils se rétractent, c’est parce qu’il y a des gens derrière. Ceux qui étaient au Congo ont reçu chacun six cent mille francs CFA. Ceux qui sont revenus du Togo n’ont pas eu moins de trois cent mille F CFA. Et ceux qui vont au Tour du Faso, au Tour de la CEDEAO ? Les sportifs savent ce qu’ils gagnent. Ceux qui disent aux enfants qu’ils ne vont plus courir ne leur rendent pas service. Ils savent que s’ils ne compétissent pas, ce ne sont pas ces gens-là qui vont les payer. Ce ne sont pas eux qui les paient. Ce ne sont pas eux qui achètent les vélos pour les coureurs. Ce n’est pas que je ne peux pas tout supporter mais, je pense que ce n’est pas une bonne chose. Trouvons une autre formule pour accompagner ces jeunes. Quant à la fédération, je comprends. Comme je l’ai dit, je n’en veux à personne. Mais, je n’accepterai pas qu’on me traite de la sorte parce que je suis convaincu que je n’ai pas pris de l’argent. Si on ne doit pas m’applaudir, qu’on ne me jette pas des pierres. Il faut qu’on reconnaisse au moins que nous avons fait quelque chose. Nous allons tous travailler ensemble, même avec eux, pour amener le cyclisme à un certain niveau. Je ne pense pas qu’aujourd’hui nous ayons intérêt à nous bagarrer. Il y a des structures. Alors pourquoi ne pas passer par ces structures ?

S’il arrivait que les médiations dont vous avez parlé n’aboutissent pas. Peut-on imaginer une équipe nationale au prochain Tour du Faso sans ces coureurs ?

Oui ! Le Tour du Faso peut se courir sans Rasmané et Bikienga. Peut-être que cela aurait des conséquences ou ça peut jouer sur le rendement. C’est tout. Il y a des sélections où nous sommes partis sans ces deux-là et on a gagné. Mais, difficilement. On aurait pu gagner, je ne dirais pas facilement, mais moins difficilement si les deux étaient là. L’un à une force de pointe qui est forte. L’autre a une grande expérience dans la lecture de course. Bikienga, tout le monde reconnait que c’est l’un des plus grands sprinteurs du Burkina. Mais Rasmané, grâce aux formations qu’il a eues, a une grande expérience dans la lecture de course. Si vous interrogez les coureurs africains, même Daniel (l’Erythréen Daniel Teklehaimanot, Ndlr), il a fait le même centre de cyclisme avec Rasmané. Ce n’est pas à penser, qu’on puisse faire le Tour sans Rasmané et Bikienga. Ça ne serait pas une bonne chose pour nous et pour le Burkina. Mais, ça peut arriver. Mon souhait est qu’on puisse travailler à ce que ces cyclistes puissent se réconcilier, repartir sur de bonnes bases et courir ensemble au Tour du Faso. Je demanderai aux supporters de jouer balle à terre. Ils pensent qu’ils sont en train de me faire du mal mais, c’est au Burkina Faso qu’ils font du mal.

Daniel Teklehaimanot et Rasmané Ouédraogo ont été formés au même moment dans le même centre de cyclisme. Mais aujourd’hui, la différence est grande et nette ! Qu’est-ce qui manque aux coureurs burkinabè pour s’imposer en Afrique et intégrer de grands clubs européens ?

Il ne faut se le cacher. Nous commençons à faire le cyclisme à partir d’un certain âge. Donc, il est très difficile pour nous d’atteindre un certain niveau. Deuxièmement, nous n’avons pas d’écoles de cyclisme qui puissent nous permettre de partir depuis les petites catégories jusqu’au sommet. Ce qui fait qu’il y a des coureurs qui arrivent au haut niveau sans connaitre les B.A.-BA du cyclisme. Il y a aussi le problème de moyens. Par exemple, il y a eu des stages où nous n’avons pas pu faire partir Rasmané en Suisse pour continuer, faute de moyens. Pour d’autres, ce n’était pas le cas. Il y a d’abord un travail de management qu’il faut faire. Je salue au passage cette idée du ministre des Sports, le colonel David Kabré, de faire venir un consultant de la Suisse chez nous. Nous avons travaillé ensemble pendant soixante-douze heures dans le but de faire la promotion des cyclistes burkinabè, leur trouver des stages, les former pourquoi pas dans des écoles là-bas. Nous souhaitons tous avoir un jour un Burkinabè dans un club français. Actuellement, nous avons deux coureurs burkinabè en France. Ils ont compéti hier. Il s’agit de Noufou et d’Aziz.  Aziz a même eu une ou deux primes. Nous avons eu l’appui du ministère. Ils sont déjà en Europe pour se préparer. Peut-être que si nous avons les moyens, ils vont nous rejoindre aux Jeux africains, au Congo et au Tour de Côte d’Ivoire. Les idées sont là. Mais, pour les mettre en chantier, ce n’est pas évident.

Avec toutes ces compétitions, tous ces maillots jaunes remportés et tout ce qui se passe depuis le 5 juillet, pensez-vous à l’éventualité de vous retirer après le conseil de gestion ?

Je dis non ! Je ne le ferai pas. Je demanderai effectivement de m’accompagner pour que nous puissions asseoir cette politique au bonheur des cyclistes et du Burkina Faso. J’ai un mandat. Ce n’est pas évident qu’à la fin de mon mandat, je me représente. Je n’ai pas un problème de personne. Je sais comment nous avons souffert pour en arriver là. Si par intrigue ou par énervement, on jette la chose… Ce sont des satisfactions individuelles. Ce n’est pas parce que je suis orgueilleux que je ne pars pas.  Je ne suis peut-être pas mieux que les autres. Mais ensemble, nous pouvons apporter des solutions. Je peux ne plus être à la fédération, mais apporter un soutien à cette fédération. Quand je n’étais pas à la fédération, je soutenais les équipes qui partaient en compétition. La participation aux championnats du monde, c’était au temps de Diallo (son prédécesseur à la tête de la Fédération burkinabè de cyclisme, Ndlr). Mais, la fédération n’a pas su comment j’ai managé pour qu’ils partent. Quand j’avais dit cela à la fédération, on ne m’a pas cru. C’est moi qui ai trouvé le manager, depuis l’Europe pour manager l’équipe burkinabè comme des professionnels. Je savais qu’en me battant pour que les Burkinabè partent aux championnats du monde, on n’allait pas gagner. Mais, je tenais à ce que les Burkinabè participent pour mesurer la portée de la chose. Aux yeux du monde, on a vu le matériel qu’on utilisait et cela a interpellé les autorités. J’ai peut-être atteint un objectif puisqu’aujourd’hui, les coureurs ont des vélos de très bonne qualité au Burkina. Des présidents de clubs se sont investis. Je ne voudrais pas les décourager. Je souhaiterais qu’on continue. Mais, comme je l’ai dit, je ne voudrais pas m’éterniser à un poste. Il faut souvent savoir partir. J’ai aussi dit que nous devons nous respecter et je ne partirai pas de la sorte.

C’est pratiquement la fin. Avez-vous autre chose à ajouter ?

Je lance un appel au monde de la petite reine pour leur demander de jouer balle à terre. On ne peut pas faire du cyclisme sans chute, sans incidents. Mais, il ne faudrait pas que cela soit causé par X ou Y. Notre souhait est que ça se passe dans de bonnes conditions. Pour les cas qui sont arrivés, je présente mes excuses à tous ceux que mes propos ont pu offusquer. Ces supporters qui demandent que je parte, je dis qu’il faudrait qu’on échange. Je ne pense pas que ce soit une bonne manière. Aux présidents des clubs, je demande d’accompagner les cyclistes. Et aux cyclistes, je leur dis de garder leur bravoure. A la presse, je demande de nous aider à sensibiliser les spectateurs, le monde de la petite reine pour le bonheur du cyclisme burkinabè.

Interview réalisée par BATIONO

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