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Burkina: Mathias Sorgho, le crack du cyclisme burkinabè

Étudiant en Master 2 option industrie agro-alimentaire, Mathias Sorgho est l’un des tout premiers intellectuels à percer dans le cyclisme, considéré au Burkina Faso comme « un milieu d’analphabètes ». Champion national en 2017 et vainqueur du prestigieux Tour du Faso en 2018, le vice-capitaine des Étalions n’a pas fini d’éblouir le cyclisme burkinabè. 

Deux phrases. Une gloire éternelle. « Et maintenant, le grand vainqueur, le maillot jaune du Tour du Faso 2018 revient à un Burkinabè. Il s’appelle… Mathias Sorgho ». Un rêve qui devient réalité. Ce moment de gloire, celui qu’on surnomme « l’intellectuel du cyclisme burkinabè » le pensait pourtant inaccessible, lui qui ne s’imaginait pas faire carrière dans le cyclisme. Comme la plupart des jeunes Burkinabè, le natif de Ouagadougou s’était passionné pour le foot. Mais tout bascule en 2005.

Premiers contacts avec le vélo

Cette année, Mathias fait une rencontre qui va changer sa vie et sa passion pour le ballon rond. « J’étais dans un centre de football à Somgandé. Et un soir, un ancien cycliste, Mahamoudou Pacéré, est passé pour nous parler de son projet de création d’une école de cyclisme. Il a proposé à ceux qui étaient intéressés de le rejoindre. » Un appel qui n’a pas laissé indifférent Mathias Sorgho qui décide alors de rejoindre Pacéré qui va vite tomber sous le charme de sa jeune recrue en qui il décèle des qualités d’un futur champion. Mais l’aventure va tourner court.

Malgré sa passion dévorante pour le vélo, le jeune cycliste ne parvient pas à lui trouver un équilibre avec ses études. Et, en 2007, il n’hésite pas à sacrifier le cyclisme pour se concentrer exclusivement aux études. Une parenthèse qui allait toutefois se refermer quatre ans plus tard. En effet, après avoir décroché le baccalauréat, il est orienté à l’Université de Ouagadougou en 2011. Dans la foulée, il participe aux Jeux universitaires en 2012 et fini à la 2e place. L’année suivante, l’équipe de cyclisme de l’université est présentée à Sa Majesté le Moogho Naaba, empereur des Mossé et grand soutien du cyclisme burkinabè.

 Premières compétitions et premiers succès

Il est très vite intégré à la section cyclisme de l’Université club de Ouagadougou (UCO). « Mon intégration à l’UCO s’est bien passée. Tout s’est déroulé comme si l’UCO cyclisme m’attendait pour qu’on écrive une histoire dans le monde du vélo. », confie le jeune champion. Inspiré par ses idoles, l’Italien Vicenzo Nibali et le Slovaque Peter Sagan, Mathias Sorgho s’impose très rapidement comme l’une des valeurs sûres du cyclisme burkinabè.

En 2013, il s’illustre au championnat national B (l’équivalent de la 2e division), sa première course officielle, en terminant sur la plus haute marche du podium. « Je pense que je suis rentré en force. J’étais dans une équipe où il y avait beaucoup de leaders. Donc, il s’agissait surtout de travailler pour mon leader. Durant 2 ans, j’ai bossé dur pour arriver là », se remémore-t-il. Au fil des courses sur l’avenue Charles de Gaulle, le jeune étudiant se familiarise avec le fameux circuit fermé de 4, 4 kilomètres, et se fait remarquer par ses performances.

Un an plus tard, il tape dans l’œil du directeur technique national de la Fédération burkinabè de cyclisme (FBC), Martin Sawadogo qui le sélectionne pour la première fois pour le Tour du Bénin en 2014 remporté par son équipier Salfo Bikienga avec 5 victoires d’étapes. Mais le nouveau venu dans l’effectif se fait remarquer en remportant le maillot des Points chauds ou Sprints intermédiaires. « C’était une compétition avec plusieurs nationalités. Donc, je ne connaissais pas tous les adversaires, mais cela m’a fait du bien. Je pense que la réussite de ma première compétition m’a beaucoup aidé pour la suite. »

Deux rendez-vous avec l’histoire 

Dès lors, Mathias Sorgho gagne de la confiance. Il est sélectionné l’année suivante pour le Tour cycliste international du Faso. Aux côtés de cadres de l’équipe nationale, le jeune étudiant veut briller. Mais avec la présence des équipes du Maroc et de l’Erythrée, sa tâche s’annonce ardue. Il termine malgré tout à une honorable 3e place au classement général derrière les Marocains Mouhcine Lahsaini (maillot jaune) et Mohamed Er-Rafai. « Cela m’a permis d’apprendre beaucoup sur mes forces et mes faiblesses. Le plaisir de faire du vélo, de découvrir le Burkina à travers un vélo, a été quelque chose d’utile pour mon pays. C’était difficile, émouvant et intéressant à la fin », assure-t-il.

Deux ans plus tard, le jeune étudiant devient l’un des deux leaders de l’équipe nationale avec le capitaine Abdoul Aziz Nikiéma. En 2017, il va entrer dans l’histoire du cyclisme burkinabè en remportant son tout premier titre de champion national. Cette même année, il termine à nouveau sur le podium (3e) du Tour du Faso remporté par le Marocain Salah-Eddine Mraouni. Mais ce n’était que partie remise.

Pendant ce temps, ses belles performances le mettent sous le feu des projecteurs et suscitent la convoitise des plusieurs clubs locaux. Il finit par quitter l’UCO pour l’Association des jeunes cyclistes de Koudougou (AJCK). Un an plus tard, en 2018, Mathias Sorgho réalise enfin son rêve. Après deux place de 3e en 2015 et 2017, il réussit enfin l’exploit de monter sur la plus haute marche du podium du Tour du Faso 2018 devant le Hollandais Sjors Handgraaf et le Belge Dieter Bouvry.

Une médaille d’or continentale, le rêve ultime

Si Mathias Sorgho a passé son temps à concilier sa passion pour le cyclisme et les études, les choses pourraient bientôt changer. « Ma carrière sera plus intéressante dans les années à venir. Il y a des moments où c’était difficile. Mais je finirai avec mon master 2 cette année. Et j’aurai maintenant beaucoup de temps pour me consacrer au vélo ». Parmi les coureurs les plus expérimentés du cyclisme burkinabè, le vainqueur du Tour du Faso 2018 compte accompagner les plus jeunes et apporter son expérience pour montrer la voie à « ses petits frères » qui veulent faire carrière dans le sport et particulièrement dans le vélo. « Aujourd’hui, il est plus facile d’avoir des professionnels avec ceux qui savent lire et écrire. Nous sommes une génération qui n’a pas eu une médaille d’or pour le moment aux Championnats d’Afrique sur route », regrette le coureur de 32 ans, qui espère relever ce dernier challenge avant de prendre sa retraite des pistes.

Source : Jeanne D’Arc KANZIE (sportnewsafrica.com)

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