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Sa carrière, la CAN 2013, sa reconversion, la nouvelle génération des Etalons : Les confidences de Jonathan Pitroipa

Né le 12 avril 1986 à Ouagadougou, Jonathan Pitroipa intègre l’école de football Planète Champion qui assurera sa formation jusqu’à son transfert en 2004 au SC Fribourg (2004-2008) en Allemagne où il rejoint son ami et coéquipier en sélection Wilfried Sanou. Passé également par Hambourg SV (2008-2011), le Stade Rennais (2011-2014), l’attaquant des Etalons du Burkina Faso a pris sa retraite internationale en 2019 avant de raccrocher définitivement les crampons en mars 2021. Dans une interview qu’il nous a accordée, le finaliste et meilleur joueur de la Coupe d’Afrique des nations 2013 évoque sa reconversion notamment dans le monde de la culture avec son studio Shamar Empire, la chaine Digital Black Music (DBM). Il évoque également les meilleurs et pires souvenirs de sa carrière de footballeur notamment lors de la CAN 2013 contre le Togo et le Ghana respectivement en quart de finale te en demi-finale, la cession de Majestic SC, club fondé avec son ami Wilfried Sanou, ou encore la nouvelle génération de footballeurs burkinabè. Interview !

Letalon.net : Tu as définitivement raccroché les crampons en mars 2021 alors que tu étais encore performant. Qu’est-ce qui a valu cette décision ?

Jonathan Pitroipa : Comme je l’ai toujours dit, ça été une décision mûrement réfléchie. Il y a un bout de temps que ça trottait dans la tête. J’avais voulu même arrêter bien avant. Mais après avoir vu qu’on avait nommé un nouveau coach en la personne de Malo, j’ai eu une discussion avec lui. Pour moi, il fallait l’accompagner un peu pour qu’il puisse quand même bien démarrer. On est tous des Burkinabè, on a envie de voir l’équipe nationale progresser et atteindre le but. C’est ce que j’ai voulu faire au tout début. Après cela, dans ma tête, je me suis dit qu’après deux matches avec l’équipe nationale, on a pu engranger des points. On sentait qu’on allait avoir la qualification pour la CAN. C’est ce qui était le plus important pour nous. En prenant cette décision, j’avais déjà discuté avec les dirigeants de mon club et c’était peut-être ma dernière saison au Paris FC. Je me disais que si je finissais la saison, j’allais arrêter même s’il y avait quelques propositions.

Après, j’ai anticipé la fin de carrière parce qu’en fin d’année 2020, je n’étais pas prêt à continuer avec le Paris FC. On a trouvé un accord pour que je puisse être libre. C’est ce qui m’a poussé à déclarer que j’arrêtais ma carrière. Mais honnêtement, je ne regrette pas parce que j’avais d’autres ambitions. J’avais envie de faire d’autres choses, continuer à rester dans le milieu du football et surtout me former parce que je pense que c’est important. La décision a été prise aussi par rapport à la famille. Elle m’a toujours soutenu, elle était toujours derrière moi depuis le début de ma carrière pour que je puisse faire plaisir au public burkinabè et faire mes choix pour ma carrière. Comme on le dit, il y a le football que les gens suivent à la télé et il y a tout ce qui rentre dans la préparation d’un footballeur en dehors du terrain que les gens ne voient pas. Je dirais aussi qu’après 13 ou 15 ans de carrière dans le football, on commence à être mentalement saturé à un moment donné. Pour moi, c’était aussi le bon moment de pouvoir me libérer et passer à autre chose.

Letalon.net : D’aucuns pensent que ta décision est liée aux déclarations de certains Burkinabè qui demandaient la mise à l’écart des anciens. Tu confirmes ?

Jonathan Pitroipa : Honnêtement, le fait de dire qu’il fallait que les anciens partent ne m’a jamais touché. De toute façon, on sait que la carrière d’un footballeur est courte et qu’il va falloir raccrocher les crampons à un moment donné. Beaucoup de Burkinabè et de fans du football l’ont vu. Même quand je venais en sélection malgré qu’on pensait qu’on avait pris de l’âge, j’essayais d’être toujours performant, d’apporter un plus à l’équipe. C’est ce qui était important pour moi. Je savais que je pouvais toujours apporter un plus…

Letalon.net : Justement si tu es conscient que tu pouvais toujours apporter à l’équipe pourquoi avoir alors décidé de raccrocher ?

Jonathan Pitroipa : Comme je l’ai dit, ce n’est pas par rapport à tout ce qui s’est dit derrière. Mais, c’est par rapport à moi-même. C’est une décision personnelle. Je pense aussi avoir fait un bout de chemin avec l’équipe. J’ai essayé d’apporter tout ce que je pouvais. Les débuts n’étaient pas faciles en 2007-2008. Mais au fur et à mesure, on a travaillé avec un groupe pendant un moment jusqu’à la finale en 2013 où tout le monde a vu que l’équipe avait gagné en maturité et l’ossature était là. On a continué à travailler ensemble et comme on dit on sentait le déclin à un certain moment qui arrivait approchait. Même pour la qualification manquée en 2019, il y a eu tellement de soucis de blessures surtout au niveau de l’ossature. Il y avait quand même beaucoup de joueurs de 2013 qui étaient déjà partis en 2015 et 2016. En 2017, il n’y avait que l’ossature d’environ 8 joueurs qui étaient encore là pour accompagner les jeunes.

Jonathan Pitroipa : Par rapport aux blessures qu’on a eues dans les clubs ou le fait de ne pas avoir au bon moment un club pour être en forme et répondre aux appels de l’équipe nationale, cela a fait qu’on n’a pas pu se qualifier. Tout cela a coupé notre élan à vouloir aller plus loin avec l’équipe. Quand vous rater une CAN et que vous revenez, c’est sûr que les gens vont demander une nouvelle génération. Il faut être patient comme je l’ai dit. Il faut que les gens sachent que pour avoir l’équipe de 2013, on a eu à travailler ensemble durant 3 à 4 ans ensemble avant de pouvoir trouver des automatismes pour être l’équipe que tout le monde a appréciée. On espère qu’avec la nouvelle génération, les jeunes comprendront qu’ils doivent rester sereins, avoir un bon état d’esprit dans le groupe, travailler ensemble. C’est vrai que ce ne sera pas facile. Mais au bout, ils auront le résultat qu’il faut.

Letalon.net : De Fribourg SC au Paris FC en passant par le Stade Rennais et Hambourg SV, la qualité et le génie de Jonathan Pitroipa ne faisait pas l’ombre d’un doute. Pourtant, tu as eu très souvent du mal à t’imposer sur la durée. Comment expliques-tu cela ?

Jonathan Pitroipa : A Rennes quand même j’ai fait deux très bonnes saisons. Par la suite, ce qui a un peu coupé la progression ou le fait de vouloir franchir un cap en allant dans les grands clubs qui jouent la Champion’s League par exemple, c’est juste que les offres qui venaient n’étaient pas celles qu’il fallait. Quand tu quittes Rennes, tu dois sentir que tu progresses. A Rennes, j’avais envie de progresser et de montrer que j’étais un joueur important pour le club. Mais le club ne m’a pas mis au niveau que j’avais envie d’être. Il y a eu des discussions qui ont un peu coupé mon élan mais j’ai toujours travaillé pour progresser. Le club m’a toujours aussi bien accompagné. Après, on a trouvé un accord où je pouvais faire un transfert dans un club dans lequel je me sentirais encore bien. Voilà pourquoi j’ai fait le choix d’aller aux Emirats arabes unis. Mais malgré que je sois allé aux Emirats, quand je venais en équipe nationale, tout le monde voyais que ce n’était pas le fait d’aller dans un championnat exotique qui m’empêcherait d’être au niveau que je voulais. J’ai toujours eu confiance en moi. Quand je joue au foot, c’est pour faire plaisir au public burkinabè et à tous mes fans. Pour moi, s’il n’y a pas de spectacle, d’initiatives et l’envie surtout de vouloir gagner et avoir un résultat, le football est ennuyant.

Letalon.net : Tout petit, qui considérais-tu comme ton idole ?

Jonathan Pitroipa : Je suis parti avec Zidane. A l’école de football Planète Champions, c’était au moment où l’équipe de France commençait. Honnêtement, Zidane m’a beaucoup inspiré. C’était l’un des joueurs que j’appréciais beaucoup pour sa vision de jeu même si je suis un peu différent par rapport à la vitesse, les dribles. Mais, on sentait la classe en lui. Donc, c’est un joueur fantastique qui m’a beaucoup inspiré pour pouvoir être le joueur que je voulais.

Letalon.net : Qu’est-ce qui pourrait être considéré comme le plus gros regret de ta carrière ?

Jonathan Pitroipa : C’est de n’avoir pas gagné la finale de la CAN en 2013 parce que cela arrive pratiquement une seule fois dans la carrière. On ne s’en rend pas compte. Quand on est joueur, on se dit chaque fois que l’occasion se représentera. Pourtant, c’est un gros travail pour arriver à ce niveau. La finale de 2013 a été très difficile à digérer et aussi le fait d’avoir raté de peu la qualification à la Coupe du monde 2014 contre l’Algérie. Ce sont deux choses que je regrette beaucoup. J’aurais voulu quand même donner au public burkinabè une qualification à la Coupe du monde.

Letalon.net : Qu’en est-il de la plus grosse satisfaction de ta carrière de footballeur ?

Jonathan Pitroipa : Disons que c’est encore la CAN 2013. Avec le groupe qu’on avait, on vivait tellement bien qu’à chaque match, on rentrait sur le terrain avec la conviction de sortir une victoire. On sentait toujours qu’on allait gagner nos matches. Quand ça vit bien en groupe comme ça, le match devient plus facile.

Letalon.net : Justement, parlant toujours de cette CAN 2013. Il y a faute sur toi dans la surface face au Ghana en demi-finale. Alors que tous les Burkinabè s’attendent à un penalty, c’est plutôt un carton jaune pour simulation synonyme d’expulsion. Peux-tu nous raconter comment tu as vécu ce moment ?

Jonathan Pitroipa : J’étais surpris comme tout le monde. Je pense que tout le monde a dû le voir à la télé. Pour moi, quand il siffle, c’est une faute pour nous ! A ma grande surprise, je vois qu’il siffle contre nous et il me donne un 2e carton jaune en plus synonyme de carton rouge. Directement, je sors du terrain avec des larmes et je me suis vu déjà rater la finale malgré qu’on n’avait pas encore gagné le match contre le Ghana. Mais dans ma tête, je savais que mes coéquipiers allaient tout faire pour gagner le match. Pour moi, rater une finale c’était incroyable ; avoir tout fait avec eux et ne pas pouvoir faire cette finale avec eux. Dieu merci à la fin on se qualifie et le carton rouge est annulé. Donc, j’ai pu quand même disputer une finale dans ma carrière. C’est exceptionnel !

Letalon.net : Nous sommes le 3 février 2013. En quart de finale contre le Togo, tu marques de la tête l’unique but du match à la 105e minute et offres la qualification au Burkina alors que tu n’es pas le plus grand sur le terrain. Qu’est-ce qui se passe dans ta tête à ce moment du match ? Raconte-nous !

Jonathan Pitroipa : (Rires). Disons que même sur les coups de pieds arrêtés, on ne me choisit même pas pour aller sauter dans la surface. On se dit que ça n’arrivera pas qu’il marque de la tête. Quand le groupe vit bien, on prend des initiatives. C’est l’instinct ! C’est comme si je sentais le coup. Il fallait qu’on marque ! On était en prolongation, il y avait la fatigue. J’essaie d’être là dans la surface parce qu’on ne sait jamais. Charles a tellement bien tiré le corner que même moi je ne pouvais pas éviter cette balle. Il fallait essayer et honnêtement en mettant la tête, je ne pensais pas qu’on allait avoir un si beau but. Ça m’a tellement surpris que même moi je n’y croyais pas. Et puis tout le monde est venu vers moi. C’était exceptionnel. C’est ce qu’on dit. Dans le football, il faut toujours avoir envie de gagner, aller à fond et on se fait plaisir sans le savoir.

Letalon.net : Parmi les joueurs de la jeune génération, lequel a un jeu qui ressemble le plus au tien ?

Jonathan Pitroipa : On n’a pas besoin de le dire. Tout le monde voit Bertrand qui est exceptionnel. Il a une très belle qualité de pied gauche surtout dans ses dribles et sa conduite de balle. Je pense que c’est un joueur qui a beaucoup d’avenir. On compte vraiment sur lui pour qu’il puisse prendre l’équipe pour la faire vivre des moments comme ceux que nous avons vécus. Je pense aussi qu’il va le faire. Il en est conscient. Il est arrivé à un niveau de sa carrière où lui-même il a le devoir de montrer ses qualités et qu’il est un joueur confirmé. Je pense et j’espère qu’il va le faire, qu’il va pouvoir y arriver. Bien sûr, les blessures empêchent la progression d’un footballeur. J’espère qu’il sera en bonne santé pour pouvoir jouir de ses qualités et faire plaisir au public burkinabè et à ses fans dans le monde.

Letalon.net : Quand on considère toutes les émotions et le plaisir que tu as pris et donnés au cours de ta carrière, on a du mal à comprendre la distance que tu prends vis-à-vis du football. Tu as même cédé Majestic Sporting Club.

Jonathan Pitroipa : Déjà pour Majestic, on a procédé à sa création quand on était très jeune. Mon ami Wilfried Sanou et moi étions ensemble à Fribourg en Allemagne en ce temps. Imaginez des jeunes de 19 ans ou 20 ans décidés à donner la chance à des jeunes footballeurs comme eux de réussir leur carrière. Nous l’avons fait parce que nous avions envie d’apporter un plus pour le Burkina Faso. Cela nous a aussi permis de mieux comprendre le milieu, de savoir comment se passe la gestion d’un club ou d’un centre de formation. Ce n’est pas aussi facile qu’on le pense. Je pense aussi que ça nous a ralenti parce que c’est beaucoup de travail alors qu’on n’est pas sur place. Comme on le dit, avoir un centre de formation sport-études et internat, si tu n’as pas le soutien ou le sponsoring qu’il faut derrière, ce n’est pas facile parce qu’on a notre vie à nous à gérer ainsi que celle de plusieurs jeunes qu’on prend en main. Avec tous ces jeunes qui rêvent aussi de faire comme nous, ce n’était pas aussi facile à gérer. A un moment donné, on a senti que c’était peut-être un peu trop pour nous. Si on pouvait faire de telle sorte que les gens qui aiment aussi le football et qui ont envie d’apporter un plus pour le Faso football puissent reprendre et rester dans les mêmes convictions qu’on a toujours eues dès le départ. Voilà pourquoi le choix a été porté sur Amado Traoré. Mais, on reste toujours en contact avec lui parce que, comme on l’a dit, Majestic est le début de tout ce qu’on a voulu faire pour le Burkina. C’est donc toujours important d’être présent, de pouvoir conseiller et d’apporter ce qu’on peut pour que la progression puisse se faire comme on veut.

Letalon.net : A côté du football, tu as une autre passion qui est la musique. Tu as mis sur les fonts baptismaux la télévision DBM et le studio Shamar Empire. Peux-tu nous en parler un peu plus ?

Jonathan Pitroipa : La musique, c’est ma deuxième passion. J’étais dedans depuis tout petit. Le papa était dans la musique. Il avait des instruments de musique à la maison. Les frères aussi étaient dans la musique. On a toujours eu une famille presqu’artistique parce que tout le monde est beaucoup dans ce domaine. Il y a le grand-frère qui est dans le cinéma d’animation, l’autre qui est dessinateur… Donc, l’idée de créer Shamar Empire me trotte dans la tête depuis l’Allemagne. Quand j’ai commencé à jouer, j’avais envie d’apporter aussi quelque chose de nouveau ; comme on dit, tout ce qu’on peut faire aussi pour que le Burkina Faso avance. J’ai toujours essayé d’aller pas à pas. Et au bon moment, j’ai essayé de mettre en place la structure et d’installer le studio pour apporter tout ce que je pouvais. Mais comme on le dit, il faut toujours voir tout ce qu’on fait en grand !

Ce que j’ai fait avec Shamar Empire, c’est déjà un plus. Mais, je veux développer un business qui tourne autour. Donc, c’est du 360, disons. Le fait d’être aussi associé à DBM (Digital Black Music, Ndlr) qui est une chaine de télé musicale, c’est dans l’optique de faire du 360. DBM me tient vraiment à cœur parce que je l’ai fait avec un ami béninois qui réside en France. C’est quelqu’un, qui a beaucoup d’ambitions et qui a envie d’apporter quelque chose de nouveau pour l’Afrique. Voilà pourquoi on a voulu se mettre ensemble pour créer DBM. Même si comme on le dit toujours, il ne faut pas brûler car il y aura toujours des difficultés dans tout ce qu’on entreprend. Mais, il faut garder la conviction et croire en tout ce qu’on fait parce que c’est ce qui permet d’avoir la réussite. Pour réussir, il faut d’abord que moi-même je me dise que je peux l’atteindre pour pourvoir aller de l’avant. Sinon si on baisse les bras, à un certain moment on finit par lâcher. Le plus important, c’est de déjà faire plaisir aux gens qui sont autour de nous et avoir une vision pour le futur.

Letalon.net : En plus de tout cela, tu as mis en place Pitroipa Nikiéma Panandétiguiri (PNP) Consulting avec tes anciens coéquipiers Aziz et Mady. Une structure qui a désormais en charge l’organisation des déplacements et des matches des Etalons à l’extérieur. Comme est née cette idée ?

Jonathan Pitroipa : Nous nous occupons du côté logistique. Je pense que c’est le plus important dans la préparation d’une équipe. Vu que nous avons côtoyé presque les mêmes joueurs et que nous avons été footballeurs, nous connaissons les difficultés. Malgré que nous avons arrêté le football, nous avons toujours envie de rester dans le milieu parce que c’est le métier qu’on connait le plus. L’expérience que nous avons eue à travers le passage dans plusieurs clubs nous permet de comprendre tout ce qui tourne autour pour que l’équipe soit bien préparée. J’ai côtoyé Mady Panandétiguiri et Aziz Nikiéma en sélection. J’ai aussi eu à travailler avec Aziz Nikiéma quand nous étions à l’école de football Planète Champions. C’est toujours bien d’avoir des personnes qui connaissent le métier avec qui tu as la même vision. Cela permet de travailler en synergie et de réussir. Mais il faut noter que malgré notre expérience, nous continuons aussi à apprendre pour apporter aussi notre touche et ce que nous avons eu comme expérience à l’extérieur.

Interview réalisée par Philippe BATIONO pour Letalon.net

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