A l’orée de la nouvelle saison sportive 2018-2019, nous avons échangé avec le président du comité exécutif de la Fédération burkinabè de football (FBF), le colonel Sita Sangaré. Avec le patron du football burkinabè, il a été question des préparatifs du championnat qui débutera le 31 août prochain, de la subvention accordée aux clubs ainsi que du soutien aux clubs devant participer aux prochaines campagnes africaines. Le président de la FBF s’est également livré sur les raisons de l’échec des clubs nationaux en campagne africaine.
Le Quotidien : Cette saison, le championnat national s’alignera sur les exigences de la FIFA et de la CAF en débutant effectivement le 31 août prochain. Peut-on dire que le Burkina est fin prêt ?
Je dois dire que du côté de la Fédération burkinabè de football, tout est fin prêt. C’est l’occasion pour moi de remercier tous les camarades de la Ligue de football professionnel, du secrétariat général ainsi que ceux de la commission statuts et transferts des joueurs. Cette commission s’occupe spécifiquement du traitement des licences. Il y a également les camarades de la commission centrale des arbitres. Toutes ces composantes ont joué leur partition sans oublier notre département de tutelle qui a également joué sa partition tant et si bien que je puis dire qu’au niveau de la Fédération, nous sommes fin prêts pour le démarrage effectif du championnat à bonne date. Maintenant, est-ce que les clubs sont prêts ? C’est une autre paire de manche et nous aurons l’occasion de le constater très bientôt.
Parlant des clubs, qu’est-ce qui sera fait cette année concernant la subvention à eux accordée ?
Il faut d’abord savoir situer les choses dans leur contexte. Nous sommes au Burkina et les choses ne sont pas évidentes. Le comité exécutif de la Fédération a consenti d’énormes efforts. Il ne faut pas croire que, chaque année, nous allons nous retrouver on dira qu’il faut augmenter les subventions. Je dois dire que les subventions n’avaient pas bougé depuis belle lurette. Lorsque le comité exécutif que j’ai l’insigne honneur de présider est arrivé aux affaires, il a essayé de se fixer un cap. Il s’est dit que d’ici la fin de son deuxième mandat, il faut que nous puissions atteindre une somme de 15 millions de FCFA pour les équipes de première division. Je pense que nous sommes plutôt bien engagés. En première division, nous sommes à 12,5 millions de FCFA. Il reste encore un bout de temps pour la fin du mandat pour essayer d’atteindre le montant que nous nous sommes fixé. Je pense que le taux de réalisation est très satisfaisant. En deuxième division, nous nous étions fixé pour cap d’atteindre 5 millions de F CFA d’ici la fin du deuxième mandat. Nous sommes actuellement à 3 millions de F CFA. Je pense qu’il y a eu beaucoup d’efforts. Mais, il faut savoir que la subvention nous revient excessivement cher surtout si on se rend compte que la Fédération prend pratiquement tout en charge. En plus des subventions, il y a les frais de déplacement et les frais d’organisation des matches qui sont très chers. Il ne faut pas s’attendre à une augmentation quelconque des subventions cette année. Mais enfin, nous verrons.
Y aurait-il d’autres difficultés liées au changement de date ?
Non. Nous voyons les choses au niveau des équipes. On a beau expliquer aux clubs, et à toutes nos assemblées générales on le répète, quoique cela soit noir sur blanc dans nos textes… On leur explique chaque fois que le traitement des licences commence avec la clôture d’une saison donnée. Mais, c’est toujours à la dernière minute que les clubs se lèvent. On dirait qu’ils sont des Saint-Thomas qui ne sont pas sûrs que le championnat va démarrer à bonne date. Les remarques qui nous parviennent toujours de la part des clubs sont que dès lors qu’on donne une licence à un joueur, on commence à le payer. C’est vrai que les clubs traversent des difficultés. Mais, nous pensons quand même qu’il faut un peu plus d’organisation pour qu’on puisse commencer. En tout état de cause, une saison sportive dure généralement dix mois maximum. Vous savez dans tous les cas que vous devez assurer les salaires de vos joueurs sur une période donnée. Nous pensons donc que cela n’est pas une nouveauté. Mais, nous constatons que ce sont les mêmes observations qui nous reviennent, à savoir qu’ils ne sont pas prêts, qu’ils sont toujours en train de recruter leurs joueurs. Il faut véritablement qu’il y ait une meilleure organisation au sein de nos clubs. Nous pensons que c’est d’ailleurs cela qui nous cause des problèmes pour les compétitions africaines où nous avons du mal à entrer dans les phases de poules parce que nous pensons encore une fois que les gens doivent travailler à être bien organisés pour atteindre des objectifs.
A propos justement des compétitions africaines, l’année dernière, la FBF a apporté un soutien financier aux clubs engagés en Coupe CAF et en Ligue des champions. Comptez-vous reconduire cela cette saison ?
Les choses sont très bien organisées et c’est ce qui crée souvent des problèmes. Vous savez très bien que chacun a ses objectifs. La Fédération s’occupe des équipes nationales. Elle n’a pas pour vocation de s’occuper des clubs. Du reste, je pense que nous allons le marteler pour que ce soit bien compris. La fédération n’a pas pour rôle d’accompagner un club. L’accompagnement que la Fédération peut apporter à un club, c’est d’organiser les compétitions à bonne date. Et cela je pense que nous nous battons pour cela. Il ne revient pas à la fédération de réaliser les objectifs d’un club pour lui. La Fédération, tout comme les clubs, est une association. Maintenant, chaque club doit s’organiser. Quand vous réussissez à être champion, vous devez ménager votre monture pour atteindre les objectifs souhaités. Ce qui peut arriver, que ce soit de la Fédération, du ministère ou d’autres bonnes volontés, ce n’est que des accompagnements. Mais, ce ne sont pas des accompagnements obligatoires. On ne peut pas ranger cela dans le rayon des causes éventuelles qui pourraient survenir. Je pense qu’il faut prôner un langage de vérité. Les clubs qui réussissent, et vous pouvez vous renseigner, n’ont pas compté sur l’accompagnement de la Fédération, mais sur leurs propres forces et leurs ressources internes.
Votre mot de la fin
C’est vrai que le football est un monde de passion. Mais, nous avons des structures officielles. J’invite les gens à venir à la source pour avoir des informations et s’imprégner des textes. Il n’y a pas de compétitions que nous organisons sans règlement intérieur. En tant que président du comité exécutif, je peux ne pas avoir l’état de tous les textes. Mais le secrétariat général est là et est disponible à donner tous les règlements intérieurs des différentes compétitions. C’est beaucoup plus simple. Même nos textes généraux sont disponibles. C’est toujours mieux que de se perdre en conjectures. J’invite comme à l’accoutumée la presse sportive à accompagner les efforts de développement de notre football. Nous sommes vraiment au Burkina Faso où les ressources sont assez rares. Les gens se battent. Tous ceux qui sont dans les différentes commissions se battent à leur niveau, dans des conditions souvent très difficiles. Ils ont besoin, je ne dirais pas de reconnaissance de la part de la presse sportive, mais assurément de l’accompagnement de cette presse sportive qui peut faire beaucoup pour le développement de notre football. Cela, non seulement en apportant de la visibilité aux actions fédérales, mais également en faisant la promotion de notre championnat. Car comme je le dis souvent, il n’y a personne de mieux que la presse pour vendre un projet sportif.
Source : Journal Le Quotidien (Bouélé Philippe BATIONO)
