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ABSENCE DE HUGUES ZANGO AUX CHAMPIONNATS DU MONDE : « Il ne faut pas chercher de bouc émissaire dans cette histoire », Me Augustin Somda, 2e vice-président de la FBA

Bien qu’ayant réalisé les minima qualificatifs pour les Championnats du monde d’Athlétisme, du 4 au 13 août 2017, Hugues Fabrice Zango, médaillé d’or du triple saut aux derniers Jeux de la Francophonie n’a pas obtenu le visa pour être à Londres. Marthe Koala, double médaillé d’or (longueur et 100 m haie) est quant à elle arrivée en retard et n’a pas pris part à l’heptathlon. Pour en savoir davantage sur ce qui est devenu une « affaire nationale », nous avons eu, dans la soirée d’hier 7 août, un entretien avec Me Augustin Somda, 2e vice-président de la Fédération burkinabè d’athlétisme.

Le Quotidien : Deux athlètes burkinabè ont réalisé les minima qui leur ouvraient les portes des championnats du monde du 4 au 13 août 2017 à Londres. Pourtant, Hugues Fabrice Zango, médaillé d’or aux Jeux de la Francophonie en juillet dernier, n’a pas pu effectuer le voyage pour n’avoir pas eu de visa. Comment expliquez-vous cela ?

Me Augustin Somda : La non-obtention du visa par notre athlète Hugues Fabrice Zango est essentiellement due à des problèmes d’ordre administratif qui n’incombent pas à la Fédération. Sinon ce que je dois dire, c’est que la Fédération et même le ministère des Sports et des Loisirs a tout fait pour que nous puissions avoir les visas. Mais, il se trouve que les procédures administratives imposées par le pays qui accueille ces championnats étaient assez complexes. En plus, les délais d’obtention des visas étaient relativement longs. Cela ne nous a pas permis d’obtenir ces visas.

Vous parlez de délais « relativement longs ». Pouvez-vous nous dire combien de temps il faut pour obtenir le visa britannique pour un athlète du niveau de Zango ?

Le délai est normalement de 15 jours au minimum et 45 jours au maximum. Ce ne sont pas les ambassades qui se sont occupées directement des visas en ce qui nous concerne. Il y a une agence privée à qui les autorités britanniques ont délégué cette charge. Donc, il fallait passer par cette agence qui était chargée de collecter toutes les demandes et de les acheminer à Londres auprès des services chargés de l’immigration. Ces derniers étaient ensuite chargés de délivrer les visas. Les visas délivrés étaient ensuite renvoyés à Accra. Le demandeur pouvait ensuite passer là-bas récupérer son visa.

La procédure consistait à prendre d’abord un rendez-vous en ligne au niveau de cette agence. Quand vous obtenez le rendez-vous, vous vous rendez là-bas pour les formalités. Il y a des formulaires à remplir sur place. C’est très complexe. On vous demande plein d’informations. Après avoir satisfait à toutes ces formalités, on vous donne un délai minimum de 15 jours et maximum de 45 jours. Voilà pour ce qui est des formalités.

Hugues Zango a réalisé les minima assez tôt. Vous convenez avec moi que le délai était largement suffisant pour demander et obtenir le visa.

Ce n’était pas assez tôt. Il a réalisé les minima en fin juin au meeting de Nancy que j’ai suivi à la télévision. Il a sauté à 16, 84 mètres si ma mémoire est bonne tout en rappelant que les minima étaient fixés à 16, 80 m. ce qu’il faut préciser, c’est que pour entreprendre les démarches, il faut avoir une lettre officielle d’invitation que les autorités chargées de l’organisation des jeux vous adressent. Nous avons reçu ces lettres d’invitation assez tard, à savoir entre le 7 et le 10 juillet. Sans désemparer, dès le 11 juillet, le secrétaire général a pris rendez-vous auprès de cette agence. Le rendez-vous a été obtenu pour le 19 juillet. Le président de la Fédération burkinabè d’athlétisme a fait le déplacement en personne à Accra par avion. Il faut dire qu’on nous avait fait croire que tout le monde n’avait pas besoin de se déplacer, mais qu’une seule personne pouvait se déplacer avec tous les dossiers pour l’obtention du visa. Malheureusement, lorsque le président s’est rendu là-bas avec tous les dossiers, il y avait le dossier de Fabrice Zango…

De Marthe Koala…

Non, il n’y avait pas celui de Marthe Koala. Mais, il y avait celui de Missiri Sawadogo qui y allait comme coach et du secrétaire général de la Fédération qui devait prendre part avec le président au congrès de la Fédération internationale. Le président s’est donc rendu à Accra avec ces trois dossiers. Malheureusement, on lui a dit qu’il fallait la présence effective de tout le monde parce qu’il fallait passer par la biométrie. Le président est revenu avec les dossiers qu’il m’a remis. Les autres étant déjà à Abidjan, j’ai apporté les dossiers des trois autres personnes au niveau d’Abidjan. Nous avons ensuite décidé qu’à partir d’Abidjan, ils se rendent à Accra pour reprendre les formalités.

Si je me fie à ce que vous venez de dire, le rendez-vous a été pris pour le 19 juillet. Alors que le début effectif des Jeux de la Francophonie était prévu pour le 21 juillet et l’entrée en lice de Zango le 24 juillet. Les démarches auraient pu être faites bien avant.

Non ce n’est pas ainsi puisque ce n’est pas vous qui fixez le rendez-vous. Vous demandez le rendez-vous et l’agence fixe le rendez. Il y a déjà des dates qui sont calées. C’est en fonction des possibilités qu’ils fixent les rendez-vous. Nous avons demandé la date la plus proche et le 19 juillet a été arrêté pour le rendez-vous.

Mais Hugues Fabrice Zango s’est rendu en personne juste après l’obtention de sa médaille le 24 juillet. C’était plusieurs jours plus tard.

Il s’est rendu au Ghana le lendemain donc le 25 juillet. Ils sont partis d’abord par la route. A partir d’Abidjan, il a fallu prendre un autre rendez-vous. Là, nous avons fait intervenir les gens de l’IAAF pour qu’on ait une date assez proche. On a pu affréter une voiture à partir d’Abidjan qui devait les conduire à Accra. Mais, à cause des tracasseries policières, ils n’ont pas pu arriver. Ils étaient obligés de revenir sans même arriver à Accra parce qu’ils étaient  largement en retard. Nous avons soumis le problème au ministre des Sports qui était sur place à Abidjan. Il a pris le problème à bras le corps et nous a offert trois billets d’avion. On a dû reprendre un autre rendez-vous accéléré, toujours avec le concours d’une dame qui travaille à l’IAAF qui se nomme Emilie Wilson. Ils sont repartis et ont pu arriver à l’agence. Mais, après plus de cinq heures passées à l’agence, ils n’ont pas réussi. Le paiement devait se faire en ligne. La Fédération a pris le soin de prendre une carte bancaire Visa à cette fin. On a dû souscrire à cette carte que nous avons alimentée avec suffisamment d’argent. Mais, quand ils ont essayé de faire le paiement, c’était trop compliqué. Après plus de cinq heures sans succès, on leur a même accordé trente minutes de plus puisque l’heure de la fermeture était arrivée. Malgré tout cela, ils n’ont pas pu le faire parce que la carte ne marchait pas. Ils n’avaient pas d’autres choix que de revenir sur Abidjan.

Dès lors que le président de la FBA avait été informé qu’il fallait la présence physique de l’athlète pour avoir le visa le 19 juillet, avez-vous immédiatement avisé l’athlète pour qu’il prenne ses dispositions ?

Bien sûr ! Il était au courant !

En êtes-vous sûr ?

Oui puisque quand le président a été informé, il nous a contactés téléphoniquement. Hugues Zango était déjà à Abidjan.

Vous confirmez qu’il était au courant ?

Mais, tout le monde était informé.

Pourtant ce n’était pas le cas. Selon des sources proches de la FBA et de l’athlète, la Fédération lui aurait caché l’information pour ne pas le perturber, le déconcentrer afin qu’il se consacre entièrement au concours de triple saut. Vous confirmez ?

Les choses ne se sont pas tellement passées ainsi. De toute façon, ça ne peut pas se passer ainsi. Même si on lui avait donné l’information, il ne pouvait pas se lever d’un coup pour se rendre à Accra, car il faut d’abord prendre un rendez-vous. C’est le secrétaire général de la Fédération qui se charge de prendre les rendez-vous. En plus, il n’était pas le seul puisqu’il y avait l’entraineur et le secrétaire général de la Fédération lui-même. On ne lui a pas caché l’information. C’est vrai qu’on n’a pas voulu le perturber d’autant que nous étions convaincus que de toute façon la question allait se régler. Mais dire qu’on lui a caché l’information, le terme est trop fort. Après cela, il y a eu plusieurs rendez-vous pour l’obtention de ce visa. On aurait pu parler ainsi si c’était définitivement compromis. Or, ce n’était pas le cas.

Vous avez indiquez que le carte Visa utilisée ne passait pas. Pourquoi n’avoir pas demandé de l’aide ou recouru à une tierce personne ?

Ils ont demandé de l’aide sur place. Le secrétaire général était là-bas puisqu’il avait la carte. Hugues Zango était aussi là tout comme le DTN Missiri Sawadogo. Ils ont tout fait même, utilisé la carte d’une tierce personne quitte à lui rembourser. Je en sais pas quel type de problèmes ils avaient, mais c’était d’ordre informatique.

Finalement, avec tout ce qu’on vient de dire peut-on affirmer que la non-obtention du visa incombe à la Fédération puisque le tâtonnement dans le dossier. Les lourdeurs administratives sont  surtout le fait de la Fédération et non du ministère des Sports qui est pointé du doigt.

Comme je l’ai dit dès le départ, ni le ministère ni la Fédération ne peut être tenu pour responsable de cette situation. La Fédération a fait tout ce qu’elle pouvait et tout ce qu’elle avait à faire. Je peux vous montrer les mails que nous avons échangés. D’abord, l’invitation est arrivée tardivement et après plusieurs relances de la Fédération. Les invitations sont venues en deux lots. Le premier lot comportait les invitations du président et du secrétaire général qui devaient se rendre là-bas pour un congrès. Le deuxième lot concernait le DTN et Fabrice. Et même là il y avait une erreur puisqu’au lieu de mettre son nom on a mis celui d’un athlète chinois. Il a fallu donc réécrire à la Fédération internationale pour attirer leur attention sur cette situation. Après plusieurs relances, ils ont fini par corriger cette situation. J’ai tous les mails et les lettres pour attester ce que j’ai dit. Comme je vous l’ai dit, c’est autour du 9 et 10 juillet que l’invitation est arrivée. Il y avait une procédure accélérée qui nous permettait d’avoir le visa en 5 jours. Nous sommes passés par cette procédure et c’est pour cela qu’il fallait payer. Sinon, dans le cadre de la procédure normale, on ne paie pas. Avec la procédure accélérée, il fallait payer plus de 180 livres sterling.

Mais vous convenez que si les techniciens de la Fédération connaissaient les conditions d’obtention du visa au préalable, cette situation aurait pu être évitée.

Absolument. Si on savait qu’il fallait leur présence effective le visa allait être probablement obtenu. Mais, ce n’était pas évident. Je prends le cas de Marthe Koala. Elle réside en Ile Maurice. Et ce n’est pas la Fédération qui s’est occupée de sa procédure de visa. Elle s’entraine dans un centre de haut niveau de l’IAAF. C’est ce centre qui s’est occupé de toute la procédure qui a été enclenchée depuis le 7 juillet au niveau de l’Afrique du Sud puisque l’ambassade dont relève Maurice est basée là-bas. Depuis le 7 juillet, mais Marthe n’a reçu son visa à Ouagadougou que le 4 août. Je vous demande d’apprécier. Elle a reçu son visa vers 14h. Lorsque le visa est arrivé par DHL, le DTN a décollé avec Marthe pour aller à l’aéroport. Elle est arrivée à 6h du matin alors qu’elle devait commencer son heptathlon à 9h. Avec les formalités à remplir pour l’accréditation, elle ne pouvait pas être à l’heure. Ce n’est donc pas un problème de la Fédération. Même au niveau de la sous-région, les athlètes qui ont pris part à ces Jeux ne résident pas ici, mais en Europe et aux USA.

Pour tout vous dire, même le secrétaire général de la Confédération africaine d’athlétisme est arrivé après le congrès à cause de ce problème de visa. Même le président de notre région est arrivé en retard et a pris le congrès en cours pour ce même problème. C’est un problème quasi-général. Les pays dans lesquels il n’y avait pas d’ambassade britannique ont eu des problèmes. Non seulement il faut se rendre là-bas et lorsque le visa revient il faut y aller encore. Le président de la Fédération est allé le 19 juillet et c’est aujourd’hui au moment où nous parlons que son visa est arrivé à Accra. Il faut qu’il y aille pour aller le prendre.

Hugues Zango aura fait tous ces efforts finalement pour rien puisque le concours du triple saut vient de finir.

Ce n’est pas pour rien. Il ne fait pas se faire d’illusions. Hugues ne se rendait pas à ces championnats du monde pour remporter une médaille. Nous en sommes conscients tout comme lui-même. C’était dans le cadre de l’apprentissage pour leur permettre de se frotter aux meilleurs athlètes. Notre objectif majeur cette année au niveau de la Fédération, c’était les Jeux de la Francophonie. Depuis le début de la saison, tous nos athlètes étaient au courant de cela. Si Hugues a pu réaliser les minima, c’est bien. Ce n’est pas pour rien. La preuve est qu’il a remporté la médaille d’or aux Jeux de la francophonie. Mais, même s’il allait à Londres, il n’aurait pas de médaille. C’est une certitude. Il le sait et tout le monde le sait.

Les questions sont épuisées. Avez-vous autre chose à ajouter ?

Il ne faut pas chercher de bouc émissaire dans cette histoire. Même pour que Marthe puisse partir, la Fédération a dépensé plus de deux millions de F CFA, même en retard. Avec le billet qui avait été pris par l’IAAF, elle devait passer par Casablanca pour arriver à Londres. Elle allait arriver avec plusieurs jours de retard. Il a fallu prendre un autre billet. Elle est passée par Abidjan, Accra pour arriver avec un petit retard. Elle n’a pas pu prendre part à l’heptathlon, mais nous l’avons engagé pour le 100 m haie. On a tout fait. Les correspondances et les mails sont là pour l’attester. Il n’y a pas de quoi faire un problème outre mesure. On aurait voulu qu’il parte pour apprendre. Mais, qu’on ne s’y méprenne, ce n’était pas pour aller chercher une médaille. Ce n’est pas possible.

Source: Le Quotidien

1.Me Augustin Somda, 2e vice-président de la Fédération burkinabè d’athlétisme

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