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Alexandre Yougbaré candidat au secrétariat général : « J’ai de grands projets pour la CONFEJES »

Le Burkina Faso abrite du 23 au 27 février la 38e Conférence ministérielle de la CONFEJES. A l’issue des travaux, le nouveau secrétaire général de la Conférence des ministres de la jeunesse et des sports de la Francophonie (CONFEJES) sera élu. On compte au moins six candidatures dont un Mauritanien, un Tchadien, un Togolais, un Béninois, un Malien, un Camerounais, un Malgache. Le Burkinabè, Alexandre Yougbaré, actuel directeur des programmes EPS et sports de ladite structure fait également partie des candidats. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, l’ancien directeur général des sports du Burkina (2006-2013) dévoile son programme qui s’articule en quatre axes majeurs pour donner un nouveau souffle à l’institution.

Qu’est-ce qui a motivé votre candidature au poste de secrétaire général de la Conférence des ministres de le jeunesse et des sports de la francophonie (CONFEJES)?

La motivation est plutôt nationale. C’est l’Etat tout entier qui a engagé ma candidature. Ce n’est pas ma simple et modeste personne. Quand le ministre des Sports et des Loisirs a été interpellé par les plus hautes autorités pour engager la responsabilité du Burkina Faso autour justement de ce prestigieux poste qu’est celui du secrétariat général de la CONFEJES, c’était en même temps un honneur pour moi. Mais, j’avais eu des appréhensions parce que le poste de secrétaire général de la CONFEJES est un poste diplomatiquement très haut placé. Nous sommes partis sur la base de notre petite expérience.

Etre resté correspondant national de la CONFEJES pendant huit ans, resté pendant six ans directeur des programmes, avoir été directeur général des sports pendant sept ans et avoir milité dans les arcanes de l’Union africaine, de la CENSAD… cela nous a permis de capitaliser une dose d’expériences que nous voulons partager avec les frères de la Francophonie. Voilà en fait l’idée. L’expertise nationale apporte sa participation, sa contribution à l’édification d’un société francophone sportive et pouvoir aider la jeunesse dans le cadre de l’entrepreneuriat pour lutter, par exemple, contre la pauvreté. C’est un enjeu assez noble. C’est pour cela que le Burkina Faso s’est engagé. A travers ma modeste personne, je m’engage. C’est un enjeu, c’est une obligation nationale. Je suis décidé à porter haut les couleurs du Burkina Faso pour que cet engagement ne soit pas vain, qu’il puisse réussir parce que non seulement il faut passer, mais il faut aussi tenir pendant au moins une mandature pour que les uns et les autres constatent que la présence du Burkina Faso au secrétariat général a pu apporter quelque chose à cette structure francophone. C’est tout cela qui fait ma motivation. J’ai des échos dans le monde à travers l’appui des pays amis qui estiment que je peux avoir le profil nécessaire. Je suis confiant si eux me soutiennent parce que le soutien du Burkina seul ne suffit pas. Il faut surtout le soutien des autres et je le sens petit à petit. Les uns et les autres, les pays amis commencent à nous soutenir et c’est ce qui me réconforte.

Vous êtes bien modeste quand vous parlez de votre petite expérience. Quand on regarde votre parcours, on pourrait dire que vous êtes le mieux placé pour diriger le secrétariat général de la CONFEJES et l’aider à franchir des paliers.

Vous savez, ce n’est jamais facile de parler de soi-même. Chez nous au Burkina, nous respectons les autres. J’ai un très grand et profond respect pour l’ensemble des candidats. Ce sont des candidatures nationales portées par leurs Etats. Je pense que c’est parce qu’ils ont le profil que leurs Etats ont engagé leurs candidatures. Cette première vertu de respecter les candidats m’amène à respecter ma propre candidature. Comme je l’ai dit, nous allons compétir loyalement ensemble et que le meilleur gagne. En tant que croyant, je compte sur Dieu pour que ce curriculum vitae que vous avez vu et qui semble être très étoffé puisse rimer avec les actions que nous allons poser afin de mériter la confiance de l’espace francophone.

Avoir le soutien indéfectible des premières autorités du Burkina Faso, c’est un gros atout pour votre candidature ?

C’est toujours un atout d’être soutenu par les plus hautes autorités de votre pays. Cela nous motive, cela nous rassure. Dans notre langue nationale, on dit couramment que quand tu sais que ta nuque est bien gardée, tu dors tranquillement. Donc si la nuque est bien gardée, c’est à nous maintenant de nous déterminer pour ne pas décevoir.

En Afrique de l’Ouest, il y a plusieurs candidatures, notamment le Mali, le Bénin, le Togo, la Mauritanie… Y a-t-il eu des tentatives de conciliation entre les candidats de la sous-région en vue de présenter une candidature unique ?

Cela ne manque pas. Je pense qu’il y en a toujours. Nous n’allons pas devancer l’iguane dans l’eau pour la discrétion de la campagne et le respect de l’entité nationale ou des entités nationales au niveau de tout ce qu’il y a comme tractations actuellement. Des tractations sont en cours et elles vont toujours continuer jusqu’au jour même de l’élection. Mais, des procédures sont en cours pour que l’Afrique de l’Ouest aille unie même si ce n’est pas certain. Au cas où ce n’est pas certain, nous irons aux élections.

En plus d’avoir un CV aussi fourni, il faut avoir un très bon programme pour espérer diriger la CONFEJES. Quand est-il du vôtre ?

Une élection, c’est d’abord une campagne. Or qui dit campagne dit programme. J’ai des grands projets pour la CONFEJES. Mon programme s’articule en quatre axes. Le premier axe, c’est le secrétariat général où j’ai proposé à la communauté francophone de réduire le train de vie du secrétariat général, de redorer l’image de marque de notre institution commune qui a été créée depuis 1969, qui a fait 50 ans de vie et qui doit s’adapter aux besoins de nos jeunes et de nos sportifs. Les besoins et les aspirations des jeunes de 1969 ne sont pas les mêmes que ceux des jeunes de 2021. Donc, il faut qu’on s’adapte qu’on change de manière de faire.

Le deuxième axe, c’est l’axe sportif. Nous avons trois centres de formation. Alors qu’aujourd’hui, à travers l’Afrique et le monde, nous avons des centres d’intérêts. A Brazzaville, nous avons un centre à Kintélé qui n’a rien à envier à un centre européen. Nous pouvons installer là-bas un centre de formation. A Abidjan, à l’INJEPS de Marcory, tout ce qui a été fait pour les Jeux de la Francophonie (A2017, Ndlr), c’est à exploiter. Nous allons y installer un centre de formation et ainsi de suite, c’est-à-dire au Maghreb avec les centres qui sont au Maroc, en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale et au niveau de l’Océan indien. Nous voulons diversifier les prestations de la CONFEJES au niveau de ces centres pour innover et faire revenir les bourses de fonds francophone de préparation olympique comme on l’avait connu dans le temps.

Troisième axe, c’est la jeunesse. C’est le programme de l’entrepreneuriat des jeunes. Nous avons visité des centres de jeunes entrepreneurs. Mais je dis qu’aujourd’hui, nous devons aller au-delà. Nous ne devons plus nous contenter de donner deux ou trois millions à un jeune pour entreprenne. Mais nous devons faire un lobbying pour que dans l’espace francophone nous puissions recruter 20 à 30 jeunes par trimestre ou par an que nous allons placer dans des centres de formation d’apprentissage de métiers pour qu’ils ressortent avec un métier comme la menuiserie, la plomberie, la mécanique… Il y a des centres de formation presque partout dans l’espace francophone. Nous allons donner des bourses à des jeunes entrepreneurs pour qu’ils aillent apprendre un métier comme on donne des bourses aux sportifs pour qu’ils aillent s’entrainer pour pouvoir avoir des médailles.

Le quatrième et dernier axe, concerne la parité homme-femme. Dans cet axe, j’ai voulu dire que le sport de par sa nature respecte cette parité. Il n’y a pas une seule discipline sportive où il n’y a pas des hommes et des femmes. Maintenant, c’est au niveau du choix de l’entrepreneuriat qu’il faut augmenter le quota des femmes pour qu’elles puissent venir rattraper l’inégalité criarde qu’il y a entre les jeunes filles et les jeunes hommes et continuer à valoriser la femme dans tout ce que nous faisons pour que nous ayons une société égalitaire. La francophonie, c’est la démocratie. D’ailleurs, le président Macron nous disait que la Francophonie, ce n’est pas la négation des autres espaces. Ce n’est pas la négation de l’anglais. Qui veut promouvoir dit comprendre l’anglais. L’anglais n’est pas notre adversaire. Je prévois des rencontres entre la CONFEJES et le Commonwealth parce que l’exemple nous montre à travers le monde que les anglophones sont allés un peu plus en avant sur le plan des performances. Il ne faut pas rester dans son entité, se renfermer. Nous allons nous ouvrir aux autres, surtout s’ils ont quelque chose que nous devons aller chercher pour pouvoir améliorer nos pratiques. La défense de la langue française n’est pas la négation des autres langues.

En plus de disposer d’un CV assez fourni et au-delà de votre expérience dans la gestion de la CONFEJES en tant que directeur des programmes EPS et Sports, vous avez été un grand sportif international.

Oui concernant ma carrière sportive, j’ai été footballeur en première division dans les années 1980 avec l’Union sportive des fonctionnaires de la régie Abidjan-Niger (USFRAN). Ensuite, j’ai été champion du Burkina des 100 mètres et 200 mètres à plusieurs reprises, j’ai participé aux Jeux olympiques de Séoul en 1988 aux côtés de grands noms de l’athlétisme comme Carl Lewis et Ben Johnson sur 100 mètres. J’ai participé à plusieurs jeux africains en athlétisme. J’étais spécialiste des 100 mètres et des 4 fois 100 mètres où j’ai établi le record du Burkina aux premiers jeux de la Francophonie en 1989 au Maroc.

Entretien réalisé par Bouélé Philippe BATIONO (Le Quotidien)

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