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Bertrand Sawadogo : un prêtre-footballeur burkinabè en France

Prêtre dans la cité du Lion depuis un an et demi, Bertrand Sawadogo porte aussi le maillot de l’ASM Belfort. Mardi, avant le match de Coupe de France contre les professionnels de Montpellier, il priera, comme il l’a fait lors des tours précédents. Et toujours avec un sourire désarmant.

Ne le cherchez pas sur le terrain mardi soir. Bertrand Sawadogo sera « seulement » dans les tribunes du stade Serzian et ça suffit à rassurer le président de l’ASM Belfort. Jean-Paul Simon dit de lui qu’il est « le porte-bonheur » du club, qualifié pour les 8es de finale de la Coupe de France pour la première fois de son histoire. Pourquoi ? Parce que ce Burkinabé de 32 ans prie avant chaque match des footballeurs belfortains. Ça ne s’invente pas, Bertrand est prêtre. Il officie au sein de la paroisse Saint-Jean-Baptiste depuis l’été 2018. « Ça m’a fait rire ! C’est vrai que l’équipe gagne quand je prie, mais je suis convaincu que ce n’est pas lié à ma personne », se marre l’intéressé, un peu gêné.

« La prière, ce n’est pas de la magie »

Après un premier séjour en France pour étudier la théologie à l’université catholique de Lyon, le trentenaire est revenu il y a un an et demi. À Belfort, cette fois, pour des études de développement durable à l’IUT. Parfaitement intégré à la vie dans le nord Franche-Comté, il s’est aussi inscrit à l’ASMB, où il s’entraîne avec les vétérans. « Je ne peux pas disputer les matchs car ils ont lieu le dimanche matin ». En même temps que la messe, donc. Un rendez-vous hebdomadaire où il croise parfois le président belfortain, devenu « un ami ».

« Je l’ai rencontré au moment du décès de mon beau-père. Et je l’ai trouvé génial », témoigne le patron de l’ASMB. Ensemble, ils peuvent causer ballon. Car le père Bertrand est un passionné. Depuis tout petit. « C’est le sport qu’on pratique le plus facilement dans les pays pauvres. Des chaussettes en boule et vous avez un ballon », se souvient le prêtre-footballeur, qui fait parfois du sport avec ses paroissiens pour « les rencontrer dans un autre contexte ». « Le sport est l’école de l’éducation sociale, développe-t-il. On apprend à respecter des règles communes, à se surpasser, à cultiver sa personnalité ».

Mardi, avant d’aller prendre place dans les tribunes du stade Serzian, il priera encore. Pas pour faire plaisir au président Jean-Paul Simon. Juste parce qu’il trouve ça normal. « Il n’y a rien d’étonnant à ce que je prie pour une équipe que j’aime. C’est l’expression de ma foi. » Mais une prière seule ne suffira pas, prévient Bertrand Sawadogo. « La prière, ce n’est pas de la magie. Si les joueurs ne mouillent pas le maillot derrière, ça ne peut pas fonctionner ».

Retour au Burkina Faso en juin

Après la saison de football, l’enfant de Kongoussi, une commune de 70 000 habitants au Burkina Faso, rentrera quelques jours au pays. Enfin, après deux ans d’attente. Il faut dire que le retour n’est pas simple. À cause du terrorisme, il est même déconseillé de voyager dans la région. Pas de quoi effrayer cet étudiant belfortain, décidé à faire sa vie dans son pays natal. « C’est la raison pour laquelle je suis devenu prêtre : être au service de ces populations pauvres », explique-t-il pour justifier son envie de s’y établir. Bertrand Sawadogo est d’une humanité incroyable. Alors si, en plus, il aide l’ASMB à gagner des matchs, cet homme est un apporte-bonheur.

Article publié le 27 janvier 2020 par Rémi FARGE ( Estrepublicain.fr )

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