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Etalons du Burkina : Les dessous d’une mutinerie !

Lors d’une rencontre avec le président de la Fédération burkinabè de football (FBF), Lazare Banssé, un groupe de joueurs de l’équipe nationale a exigé le départ du Team Manager, Aristide Bancé. L’ancien attaquant international serait vu comme une taupe par certains alors que d’autres estiment que sa présence serait une atteinte à la liberté et à la cohésion au sein des Etalons. Mais, qu’en est-il exactement ? Réponse !

Scène surréaliste lundi en fin de matinée à l’Hôtel Mariott, le quartier général des Etalons du Burkina à Bruxelles, veille du match amical contre la Belgique. Pourtant réputés disciplinés au contraire d’autres équipes africaines, des échos en provenance de la capitale belge faisaient état d’une mutinerie dans l’Ecurie des Etalons. Très vite, la toile s’enflamme et laisse entrevoir les premières informations.

Six joueurs –et non des moindres- se sont entretenus avec le président de la Fédération burkinabè de football (FBF), Lazare Banssé, avec qui plusieurs sujets auraient été évoqués dont la question de primes et de la présence du « Team Manager ». Mais contrairement à certaines rumeurs sur le réseau social Facebook, la question du capitanat n’a jamais été évoquée. Composé notamment de Bertrand Traoré, Issoufou Dayo, Ibrahim Blati Touré, Steeve Yago, Adama Guira, Hervé Kouakou Koffi, ce groupe a exigé le départ de l’ancien international Aristide Bancé.

La tête d’Aristide Bancé mise à prix

Au regard du timing avec le second match amical contre la Belgique, Lazare Banssé, selon nos sources, aurait promis de régler le problème tout en demandant aux joueurs de se concentrer sur le match à venir. Certaines de nos sources avancent que les joueurs reprocheraient à leur ancien coéquipier –Aristide Bansé a disputé la CAN 2017 avec tous les joueurs cités- d’être une sorte de taupe qui répercuterait tout ce qui se passe dans l’Ecurie.

Par ailleurs, l’homme aux 75 sélections est accusé de fouiner un peu partout et de semer la zizanie entre les joueurs et le staff technique. Notre confrère Lassina Sawadogo confie sur sa page Facebook que certains joueurs « exaspérés contre cette attitude auraient menacé de quitter la sélection ». Il aurait fallu, poursuit-il- que les membres de la délégation « s’emploient pour ramener la sérénité dans le groupe ».

Aristide Bancé devenu indésirable aux yeux de ses anciens coéquipiers de la CAN 2017

Après avoir entendu plusieurs témoignages de personnes proches de la Fédération et aussi des joueurs, il ressort que le groupe de six reproche à l’homme aux vingt clubs d’être un véritable frein à leur liberté. Si fait qu’ils se sentiraient à l’étroit, un peu comme en prison lorsqu’ils viennent en sélection. « Ils disent que le Big (Aristide Bancé, Ndlr) les coince trop et les empêche de respirer », confie un proche d’un joueur. Un autre proche de l’encadrement technique est catégorique : « Bertrand et Dayo ont monté d’autres joueurs pour dire qu’ils ne veulent plus voir Bancé simplement parce que Bancé les suis de près ». Il en veut pour preuve l’épisode du vol manqué, jeudi dernier (lire détails ici).

Bertrand à Abidjan, Dayo à Paris… ?

En effet, confie ce dernier, Bertrand Traoré et Issoufou Dayo, venus à Ouagadougou comme quatre autres joueurs pour les raisons du visa Schengen, auraient dû prendre le vol jeudi soir avec les autres pour rallier Bruxelles. Mais bien qu’ayant reçu le même billet et connaissant l’heure de la convocation et du vol, les deux joueurs ont brillé par leur absence au départ de la délégation. Alors que Stéphane Aziz Ki, Ibrahim Blati Touré, Oula Abass Traoré et Nourdine Balora avaient rejoint la délégation à Bruxelles, l’encadrement technique n’avait aucune nouvelle de Bertrand et Dayo. Les deux joueurs avaient littéralement disparu des radars entre jeudi et samedi. Où étaient-ils ? Pourquoi sont-ils arrivés seulement samedi ? Malheureusement, les nombreuses tentatives pour avoir les versions de Bertrand Traoré et Issoufou Dayo se sont révélées infructueuses.

Nonobstant cela, samedi nuit, poursuit notre source, le Team Manager a appelé plusieurs fois tous les joueurs qui manquaient à l’appel. Mais, ceux-ci ne décrochaient pas. C’est également le cas du portier Hervé Koffi qui aurait tout fait pour ne pas aller au Kosovo. Le portier du Royal Charleroi serait arrivé à Bruxelles lundi (21 mars 2022, Ndlr) et a appelé pour dire qu’il était là et qu’il avait des examens médicaux à faire. Le lendemain mardi 22 mars, poursuit notre source, le joueur a été appelé à plusieurs reprises jusqu’au départ pour le Kosovo. Pour ce faire, Kilian Nikiéma a été appelé pour le remplacer au regard notamment de l’absence du troisième gardien, Nourdine Balora. Et de s’interroger sur l’envie réelle du joueur d’effectuer le déplacement du Kosovo.

Quête de liberté ou prime à l’indiscipline ?

En clair, les joueurs voudraient avoir plus de liberté pour s’évader et surtout s’adonner à certaines distractions, nous confie un autre. Ayant été membre du comité exécutif de la FBF, un autre affirme que les joueurs pour la plupart ne peuvent pas faire certaines choses lorsqu’ils sont dans leurs clubs à cause des restrictions et surtout des règles imposées à l’équipe professionnelle. Aussi la seule alternative hormis la trêve et la fin de saison, ce sont les journées FIFA ou autres tournois avec l’équipe nationale. Mais, poursuit-il : « Je pensais que ces pratiques avaient cessé ou diminué depuis ».

Un autre acteur, entraineur de formation, nous raconte que les joueurs ont plusieurs astuces. « Si vous ne croyez pas, allez faire un tour deux semaines avant le regroupement des Etalons à l’hôtel Silmandé. Vous ne verrez aucune fille là-bas. Mais dès que la liste des Etalons sort, un ou deux jours avant leur arrivée, vous verrez plusieurs jeunes filles défiler à l’hôtel. Certaines mêmes ont des chambres là-bas alors qu’elles habitent à Ouaga ou Bobo et n’ont pas les moyens de louer une chambre », confie-t-il avant de poursuivre. « Comme ils sont logés deux par deux, ils prétextent quelque chose pour rejoindre les filles qu’ils ont installées dans les chambres. Quand ils finissent, ils regagnent tranquillement leur chambre. Ils font cela parfois avec la complicité de certains membres du staff », déplore-t-il.

Lors des regroupements, l’hôtel des Etalons est parfois un lieu de défilé pour les filles

Ainsi, les joueurs s’arrangent à quitter leurs clubs plus tôt et surtout pour arriver en sélection le plus tard possible. Entre les deux, ils ont le temps de s’amuser, de faire des virées nocturnes dans les boites et autres endroits chauds. Le comble, fustige un autre, c’est quand ils veulent continuer à recevoir certaines visites coquines pendant qu’ils sont en regroupement. C’est ce qu’on a vu avec certaines équipes nationales lors de la CAN 2021 au Cameroun. Notons toutefois que tous ne font pas forcément cela car une poignée d’entre eux en profitent également pour rendre des visites de courtoisie à leur famille, à des amis ou pour participer à des actions caritatives.

Ce qu’on voyait rarement dans l’Ecurie des Etalons ou du moins ce qui était jusque-là caché est en train de resurgir. Un témoin explique que le responsable de la sécurité de l’hôtel a dû s’employer à plusieurs reprises voire veiller pour empêcher de nombreuses visites inopportunes dans les chambres de certains joueurs.« Comme Aristide a été lui-même joueur, il connait toutes les astuces et manigances pour contourner la sécurité et les consignes. Ils savent bien que tant qu’Aristide est là, ils ne pourront plus faire ce qu’ils ont envie de faire. C’est la seule raison », peste-il.

Transposition de la crise au sein du comité exécutif !

A en croire certains journalistes et observateurs du football burkinabè, ce que l’on a vu au sein de l’équipe nationale à Bruxelles n’est autre que la transposition de la crise qui secoue le comité exécutif de la Fédération burkinabè de football depuis de longs mois. « Le diagnostic montre que le cancer qui a paralysé le comité exécutif a atteint un autre organe vital, les Etalons », confiait le journaliste Claude Romba au journal Le Quotidien.

En effet, alors qu’ils étaient tous unis et solidaires jusqu’à l’élection du 22 août 2020, le bloc de l’ex-président Sita Sangaré et son candidat Lazare Banssé a explosé en quelques mois. Pour cause, la volonté du dernier-cité de s’émanciper de son mentor. Et cela a commencé par le limogeage du vice-président chargé des finances, Idrissa Kafando en janvier 2021. D’autres actions, rapporte un confrère, ont contribué à détruire le peu de relation qui existaient encore notamment l’annulation de certains contrats et la volonté d’assainir ou d’épurer la faitière du football burkinabè.

Naguère uni, le bureau exécutif de la FBF est en proie à une guerre intestine

Une autre décision et non des moindres a amené la scission à un point de non-retour. Il s’agit de la volonté de Lazare Banssé de travailler avec tout le monde y compris les « ennemis d’hier ». C’est ce qu’avance le consultant, Ibrahim Kabré : « Il y a crise aujourd’hui à la FBF parce que Banssé a décidé de tendre la main et de travailler avec des gens qui, hier, étaient ses adversaires. Une situation qui n’a pas été du goût de certains de ses propres alliés qui ont décidé de faire front commun pour le renverser ». Ainsi, chaque camp activerait ses pions à tous les niveaux y compris au sein de la sélection ou du staff pour parvenir à ses fins.

Malheureusement, déplore un journaliste qui a requis l’anonymat, les joueurs se laissent embarquer dans cette affaire qui ne les concernent pourtant pas. En quoi un joueur peut-il se sentir concerné par le sort d’un dirigeant ? Ce qui doit l’intéresser, ce sont les conditions pour exercer librement et pleinement son activité. Mais, chacun, selon ses intérêts et les promesses, se laisse embarquer dans un camp ou l’autre. Ce qui est vraiment dommage car la politique dans le football est un poison. Les joueurs doivent rester en dehors de ça et se concentrer uniquement sur le football et le terrain.

De la nécessité d’un code disciplinaire

Au regard de tout ce qu’ils ont pu observer, ils sont nombreux à vouloir que l’on instaure un code de conduite, un code disciplinaire assorti de sanctions et d’amendes comme dans les clubs professionnels. Mieux, certains, plus radicaux, voudraient que l’Ecurie des Etalons soient totalement assainie par la prise de décision et l’instauration d’une discipline totale que tout joueur convoqué devra être obligé de respecter au risque de ne plus être appelé en équipe nationale.

Mais cette décision radicale serait-elle la solution ? En tout les cas, les résultats futurs de la sélection nationale sont consubstantiels au degré de discipline qui règnera dans l’Ecurie. Car malgré le talent de certaines grandes nations de football, le constat est que le manque de discipline et de cohésion fini par se ressentir sur les performances et sur les résultats. C’est pourquoi, il urge pour les uns et les autres de jouer balle à terre et surtout de travailler dans l’intérêt général, celui du football burkinabè.

Par Yiyé Yannick BAZIE (www.letalon.net)

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