Présent au Burkina Faso dans le cadre de l’assemblée générale constitutive de la Confédération africaine de pétanque (CAP), Guillaume Mbadinga, président de la Fédération gabonaise de pétanque nous a accordé une interview. Dans cet entretien, le vice-président de la CAP et président de la commission communication revient sur les raisons qui ont conduit à la création de cette nouvelle structure. Par ailleurs, il fait le point de la pratique de la discipline dans son pays d’origine et dresse les perspectives pour cette jeune confédération.
Comment jugez-vous le niveau de cette édition 2019 du tournoi de pétanque de la CEDEAO ?
Je remercie les autorités fédérales de pétanque du Burkina Faso de m’avoir invité à cette compétition. En réalité je suis venu dans le cadre de l’assemblée générale constitutive de la Confédération africaine de pétanque. Ce qui m’a plu en premier lieu, c’est la mobilisation. Il y a eu une mobilisation totale de la jeunesse africaine. Les jeunes de la sous-région se sont déplacés nombreux pour venir participer à cette compétition. C’est un exemple à suivre pour les autres fédérations. La pétanque est un sport de convivialité et d’unité qui réunit tout le monde. Ce sport permet de fraterniser très rapidement et de communier.
Comment appréciez-vous le niveau des boulistes ayant pris part à cette compétition ?
En tant que président de fédération, je connais la majorité des boulistes qui ont pris part à ce tournoi. Ils sont d’un niveau supérieur aujourd’hui. Je dirais qu’ils ont un niveau mondial. Tout le monde sait que le centre de la pétanque est aujourd’hui en Afrique. Au niveau mondial, vous avez presque chaque fois des équipes africaines dans le dernier carré et souvent jusqu’à trois équipes ou deux au minimum. Cela veut dire que l’Afrique a atteint un seuil qui permet de se confronter aux autres pays qui sont supérieur, peut-être, que de nom. Nous avons du talent en Afrique et nous sommes heureux de voir ces jeunes venus de nulle part arriver jusqu’en finale. Cela veut dire beaucoup de choses, notamment que le travail paie. Avec la dynamique que nous avons mis en place avec le groupe de Rabat, aujourd’hui institué en Confédération africaine de pétanque, il y a un travail qui est fait. Il y a une symbiose et des objectifs à atteindre, à savoir de multiplier les compétitions en vue de donner de la compétitivité et de la qualité à la pétanque africaine.
La pétanque est un sport mineur dans la majorité des pays du monde et d’Afrique, contrairement à d’autres disciplines comme le football. Comment ce sport est-il organisé au Gabon ?
Le football reste le sport-roi et personne ne peut le contester. En effet, quel que soit le nombre de licenciés que nous aurons, le football restera toujours le sport-roi au Gabon. Mais, nous essayons de former le maximum de boulistes. Nous avons déjà participé à plusieurs compétitions au Sénégal, en Côte d’ivoire et sur la scène internationale. Nous sommes un petit peuple par le nombre et bien évidemment nous n’avons pas autant de licenciés que les autres pays. Nous faisons donc avec les moyens de bord pour espérer être un jour au même niveau que le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire ou au niveau de mobilisation du Sénégal.
Il y a quelques jours, la Confédération africaine de pétanque a vu le jour. Pourtant il existe déjà une Confédération africaine de sport boule qui regroupe les fédérations de pétanque. Comment expliquez-vous cela ?
La question est noble parce qu’elle est d’actualité. Il était nécessaire pour l’Afrique de s’organiser. Les boulistes avaient l’obligation de s’unir pour avancer. On ne reste pas dans une certaine léthargie quand les choses ne marchent pas, quand il y a un dysfonctionnement. Or au niveau de la Confédération africaine des sports boules (CASB) les textes n’étaient plus respectés, les rapports financiers n’étaient jamais présentés. Il y avait aussi le manque de respect et d’humilité des uns et des autres. La création de la Confédération africaine de pétanque (CAP) est la résultante de toutes les casseroles qui ont été trainées depuis 2015 et même au-delà. Il y a des mécontentements partout parce qu’il y a des exclusions arbitraires. Il n’est pas normal que, sans véritable raison, les personnes qui tirent la pétanque africaine vers le haut soient suspendues. Cette dynamique, qui a été mise en place, a beaucoup d’idées innovatrices dans le cadre de la formation, de la multiplication des compétitions, et de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations digne de notre continent avec une stratégie de promotion avant, pendant et après. Dans ce championnat version CASB, on ne gagne rien qui puisse changer un temps soit peu le quotidien des boulistes vainqueurs. Pourtant, les Etats se battent pour mettre des moyens à la disposition des fédérations et lorsqu’un pays l’emporte, en dehors du trophée et les médailles même une enveloppe. Alors que même dans les petits tournois de quartier, il y a un montant fixe dans l’enveloppe à gagner. Nous ne sommes certainement pas les meilleurs, mais nous avons des idées pour changer la donne. Nous pensons surtout qu’il ne faut pas personnaliser la confédération comme le fait le président de la CASB. On ne peut pas prendre en otage la pétanque continentale.
En tant que président de la commission communication de la CAP, on imagine que votre premier combat est de faire connaitre cette nouvelle structure.
Bien-sûr. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai créé une cellule communication avec laquelle je travaille. Quasiment tous les journalistes sportifs se retrouveront dans cette cellule parce que c’est avec eux que nous allons créer une symbiose. Avec leurs idées, nous allons faire bouger et avancer les choses. C’est ensemble que nous avançons. Ce sera aussi le combat de tous les jeunes journalistes et communicateurs d’Afrique qui aiment le sport et la pétanque en particulier.
Interview réalisée par Bouélé Philippe BATIONO (Le Quotidien)
