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Laurent Blaise Kaboré : « Il n’y a jamais eu de deal entre Sita Sangaré, Salifou Diallo et moi »

Premier vice-président de la Fédération burkinabè de football (FBF), Laurent Blaise Kaboré était pressenti pour endosser la candidature refusée à Sita Sangaré au nom du comité exécutif. Mais, s’il n’a toujours pas annoncé sa candidature, ce dernier n’exclut pas de se présenter. Dans cette interview exclusive, le président de l’Union sportive de Ouagadougou (USO) évoque ses relations avec Sita Sangaré, les autres candidatures déclarées, l’autorisation refusée à Sita Sangaré et bien d’autres sujets actuels.

2020 est l’année du renouvellement des structures fédérales dont la Fédération burkinabè de football (FBF) avec 4 candidats sont déjà officiellement déclarés. Quel est votre commentaire ?

Permettez-moi d’abord de vous remercier pour l’intérêt que vous avez pour le sport burkinabè et en particulier pour le football. J’ai un très bon sentiment par rapport à ces différentes candidatures parce que cela dénote de l’engouement que le public burkinabè, les sportifs et le monde du sport ont pour le football. C’est tout à fait normal qu’il y ait de l’engouement dans la mesure où vous aurez remarqué que dans le sport, le football occupe une  place particulière. Il est le sport qui mobilise le plus de monde et un domaine où les passions sont vraiment exclusives. Je crois que c’est ce qui fait qu’il y a beaucoup d’encre et de salive qui coulent à propos de ce sport. Je suis d’un avis favorable que ce soit ainsi. Je me ravis que le monde s’intéresse au football burkinabè.

L’un des grands absents parmi les candidats est le colonel Sita Sangaré à qui l’armée a refusé l’autorisation de se présenter pour la 3e fois. Comment cela a été accueilli au sein du comité exécutif et à votre niveau ?

En tant que membre du bureau exécutif, j’ai été surpris de ce refus dans la mesure où le président nous avait donné l’assurance de pouvoir se représenter mais surtout d’avoir l’accord de la hiérarchie. C’est tout à fait normal. S’il ne l’a pas, ce n’est pas la fin du monde. C’est vrai, mais nous avons été quand même un peu meurtris de cette décision qui l’empêche de se représenter à la présidence de la FBF.

Sita Sangaré étant non partant, d’aucuns annonçaient un plan B au sein du comité exécutif nommé Laurent Blaise Kaboré. Mais jusque-là, vous n’avez pas encore déclaré de candidature.

Oui d’aucuns ont annoncé la candidature de Laurent Blaise Kaboré. Mais une candidature ne se fait pas sur un coup de tête. Une candidature se murit et se justifie. Si jusqu’à présent nous sommes restés silencieux, c’est que nous analysons la situation. A présent, nous sommes à mesure de dire que cette candidature est sérieusement envisagée. Il se pourrait que je présente ma candidature à la candidature parce que jusqu’à présent, aucune candidature n’est ouverte étant donné que les candidatures à la présidence de la FBF ne sont pas encore ouvertes. Pour le moment, nous sommes à l’étape des candidatures à la candidature. Lorsque la procédure sera ouverte et lancée officiellement, on n’aura en ce moment des candidatures parce que les gens vont déposer leurs candidatures. Dès lors, on saura qui est candidat et qui ne l’est pas.

Justement parmi les candidats annoncés figure Lazare Banssé présenté comme le candidat du comité exécutif de la FBF et du président Sangaré. Votre commentaire !

Il ne faudrait pas prendre les choses à la lettre. Le comité exécutif n’a pas vocation à choisir un candidat. Il peut apporter un avis, soutenir un candidat s’il veut. Mais, cela ne doit pas être officiel. Lazare Banssé n’est pas le candidat du comité exécutif. Il est un candidat comme tous les autres. Quels que soient les soutiens que Lazare Banssé a pu avoir pour cette candidature, cela ne devrait pas orienter le choix du comité exécutif. Au sein du comité exécutif, il y a plusieurs sensibilités. Vous avez des hommes qui ont travaillé durant 4 ans avec Sita Sangaré et d’autres durant 8 ans avec ce même Sita Sangaré. Je crois que les membres du comité exécutif sont assez responsables pour faire un choix judicieux lorsque les candidatures vont se présenter à eux.

Selon nos informations, le soutien du président sortant à Lazare Bansé aurait jeté un froid entre lui et vous. Qu’en est-il ?

Je ne crois pas qu’il y ait eu un soutien du président sortant à la candidature de Lazare Banssé. Dans la mesure où il l’a lui-même affirmé, Sita Sangaré n’est pas l’instigateur de la candidature de Lazare Banssé. C’est ce que le président a dit et nous le croyons. Si tel était le cas, nous attendons de voir. Nous l’avons appris, Lazare Banssé est le conseiller de Sita Sangaré depuis 2016. C’est tout à fait normal parce qu’il a soutenu la candidature de l’équipe fédérale actuelle. C’est tout à fait normal que Lazare Bansé puisse être candidat s’il veut.

Permettez-moi d’insister sur la question. Quels sont, aujourd’hui, vos rapports avec le colonel Sita Sangaré ?

Nos rapports sont au beau fixe. Je ne crois pas qu’il y ait une zone d’ombre entre le colonel Sita Sangaré et moi. Je suis un homme qui dit toujours ce qu’il pense. Je n’attends pas qu’on vienne me sortir pour raconter tout ce qu’il y a. Mais, je vais toujours à l’information. Sita Sangaré et moi nous sommes rencontrés rien qu’hier (lundi 18 mai 2020, ndlr). Nous avons échangé longuement et largement sur les divers points de vue. Vous savez que le milieu du football est un milieu fait d’intrigues. Et c’est ce que je m’évertue à dire depuis longtemps. Lorsque nous sommes en année électorale, il faut s’attendre à tout. Mais quand même pas à certains coups bas. Nous avons échangé et n’avons pas trouvé de divergences dans nos points de vue. Sinon qu’il y a certains ragots dans la ville, certaines supputations qu’il faut écarter pour pouvoir avancer.

Certaines de nos sources font état d’un deal qu’il y a eu en 2016 entre Sita Sangaré, le défunt président de l’Assemblée nationale Salifou Diallo et vous. Selon les termes du deal, il accorderait son soutien à Sita Sangaré à condition qu’il soutienne votre candidature en 2020. Qu’en est-il ?

Vous me permettrez de m’incliner à la mémoire de ce grand monsieur. C’est vrai qu’il était un grand homme politique, mais il était aussi un passionné de football. Il faut lui rendre hommage pour l’œuvre colossale qu’il a faite pour le Burkina Faso et pour ce qu’il a posé comme acte pour le sport. A l’Union sportive de Ouagadougou (USO), nous savons ce que cela vaut. Je puis vous dire qu’il n’y a jamais eu de deal entre le président Sita Sangaré, Salifou Diallo et Laurent Blaise Kaboré. Il y a simplement que le président de l’Assemblée nationale en son temps avait voulu que nous puissions avoir un comité exécutif avec toutes les sensibilités. Même si les élections se sont passées sans consensus, il faut reconnaitre qu’au départ c’est ce qui avait été voulu. Malheureusement, nous sommes allés aux élections. Le camp dans lequel j’étais, à savoir celui de Sita Sangaré a gagné. Mais ce n’est pas pour autant que le football doit s’arrêter. Le football national doit être bâti par tous ses acteurs. C’est l’œuvre de tous. Et pas celui d’un seul homme. Je crois que tous les acteurs doivent se ressaisir et savoir que chacun doit mettre la main à la pâte pour que cela marche. Je le répète, il n’y a jamais eu de deal entre Sita Sangaré, Salifou Diallo et Laurent Blaise Kaboré.

Vous n’avez pas exclu l’idée de présenter une candidature à la présidence de la FBF. De tous les potentiels candidats, vous êtes pour l’instant le moins connu. Quel est l’histoire qui lie Laurent Blaise Kaboré et le football ?

C’est tout à fait normal. Quand vous dites que je suis le moins connu depuis ces dix dernières années, il n’y a pas de problème. Mais, Laurent Blaise Kaboré n’est pas un nouveau venu dans le football. Je n’ai rien contre les journalistes. La majeure partie des journalistes du sport aujourd’hui ne sont nombreux à savoir qui je suis et c’est tout à fait normal parce que je ne me fais pas faire voir. Mais, il faut savoir que mes rapports avec le football remontent aux minimes depuis l’école primaire. La première fois que j’ai mis les pieds dans la gestion du football, c’est dans les années 1984-1985. Les dirigeants de l’USO peuvent témoigner. Vous pourrez également le vérifier auprès de Laurent Ouédraogo qui est entraineur adjoint de l’USO. Quand il n’avait pas encore raccroché, Laurent Blaise Kaboré était aux côtés du trésorier de l’USO, Madi Sanogo. Je tenais déjà son sac pour faire le tour des terrains et voyageant avec lui derrière l’équipe. C’est en ce moment que j’ai commencé à apprendre la gestion du football en passant par l’Université où j’ai géré l’équipe de football en tant que membre du bureau culturel de l’Université. C’est de là qu’est née ma passion pour la gestion du football. Je ne suis pas un pratiquant du football. Je n’ai pas été un grand joueur ni participé aux grands tournois de football. Je n’ai pas joué longtemps. J’ai joué au football comme tous les jeunes de mon âge. Mais, j’ai privilégié les études par rapport au football. Vous savez que dans les années 1985, rien ne présageait à la réussite quand vous étiez footballeur. Donc, je suis resté à cheminer avec l’USO jusqu’en 1992 où par décret, l’USO est descendu en deuxième division. Nous sommes restés en léthargie avec le RCK (Rail club du Kadiogo, ndlr) jusqu’en 1998 où nous sommes revenus en première division à la suite de l’ouverture. De 1998 jusqu’à nos jours, je n’ai plus quitté les rangs de l’USO. Ceux qui se rappellent de l’époque de feu le colonel Félix Tiemtarboum, tant à la tête de l’USO qu’à la FBF, en savent quelque chose. J’étais l’homme du colonel qui était, dans l’ombre, et qui tenait sa bourse. J’étais trésorier de l’USO de bout en bout de 1998 jusqu’en 2009. J’ai quitté le pays en 2009 pour une formation d’un an. A mon retour, je me suis replongé dedans. Les dirigeants actuels de l’USO peuvent vous le dire, je suis le président actuel de l’Union sportive de Ouagadougou (USO). Le président du conseil d’administration, c’est Ambroise Ouédraogo et moi je suis le président de la section football. Cela a fait couler beaucoup de salive et d’encre. Ceux qui ne veulent pas savoir disent toujours qu’à l’USO je ne suis pas le président. Mais si vous allez à la source, vous verrez. Entre le football et moi, ça toujours été une histoire d’amour parfaite.

Je suis à la Fédération depuis 4 ans avec le colonel Sangaré mais ce n’est pas la première fois que je côtoie une équipe fédérale pour le travail. Le comité exécutif dirigé par Seydou Diakité en 2002 a connu ma présence bien que je n’étais pas membre fédéral. Vous pouvez demander à anciens dirigeants des clubs. Ils vous diront tous que j’ai toujours été dans le milieu. Donc, le football et moi, c’est une question de passion et ça dure depuis plus de trois (03) décennies. Tant qu’on n’est pas passionné, on ne peut pas être dans le milieu du football. Si vous venez au football par intérêt, vous n’irez pas loin parce que vous ne trouverez rien du tout. Notre football est à la croisée des chemins actuellement. Il faut que nous nous rassemblions. Il faut que nous nous asseyions pour, ensemble, travailler afin de sortir notre football de l’ornière où il se trouve actuellement. C’est un combat collectif, consensuel et surtout des vrais acteurs du football.

Si d’aventure vous comptez être candidat, peut-on savoir quand comptez-vous faire votre déclaration ?

Je vous ai dit qu’il se pourrait que je sois candidat. Pour la petite histoire, Sita Sangaré l’a dit et je sais que vous l’avez entendu. Je n’ai jamais ambitionné d’être candidat à la présidence de la Fédération. Ce n’est pas aussi un deal. Sita Sangaré et moi avons travaillé en toute intelligence depuis 2016. Ce n’est pas aujourd’hui que nous allons vous révéler certaines choses parce qu’il n’y a rien à révéler. Nous avons travaillé honnêtement tous ensemble. Ce n’est pas un secret. Sita Sangaré l’avait dit sur toutes les tribunes : « Je vais faire mon dernier mandat. J’aimerais que Laurent Blaise Kaboré se présente aux prochaines élections pour être candidat à la présidence de la FBF ». Cela n’a pas été. Mais, ce n’est pas pour autant que je vais m’asseoir pour regarder tout ce qui se passe. Si l’autorisation de Sita Sangaré a été annulée par la suite, je crois bien que tout membre du comité exécutif peut se présenter à la présidence et a le droit de se présenter à la présidence. Moi Laurent Blaise Kaboré, il se pourrait que je le fasse. Je vous ai dit que je n’avais pas encore réuni tout ce qu’il fallait pour le dire. Il faut d’abord se préparer psychologiquement et ensuite l’annoncer à certaines personnes. Il y a mon club d’origine, le comité exécutif… Je ne peux pas venir devant la presse dire que je suis candidat à la présidence de la FBF sans avoir dit un mot au comité exécutif avec lequel j’ai travaillé pendant 4 ans. C’est ce qui fait que je ne vous ai pas encore annoncé quelque chose. Donc, il se pourrait que vous ayez une information d’ici les prochains jours. Comprenez que pour moi, le milieu du football est comme une famille : lorsqu’un membre a une décision importante à prendre, il doit se référer aux autres membres de la famille, non seulement par respect de ces derniers, mais aussi et surtout, pour bénéficier de leur part, suggestions, avis, conseils et bénédictions. C’est la seule condition pour pouvoir compter sur leur soutien. Je ne pourrais jamais diriger la fédération seule. Parce que c’est un travail d’équipe, un travail collectif qui se fait dans le respect strict des différences et des sensibilités. La fédération, ce n’est pas un club où tous ceux qui y sont à l’œuvre, proviennent du même univers. Encore que cette idée n’est pas toujours vérifiée dans les clubs de football. Quid alors d’une faitière comme le FBF qui est une institution ?

Interview réalisée par Yiyé Yannick BAZIE (www.letalon.net)

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