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Organisation CAN 2021, prestation des arbitres : Lassina Paré, ancien arbitre international se lâche !

Il est la référence de l’arbitrage au Burkina Faso et l’un des meilleurs sifflets africains de l’histoire. Lassina Paré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a officié plus de 80 matches durant sa riche carrière notamment les CAN 2004 et 2006 dont il a arbitré le match d’ouverture le 20 janvier 2006 entre l’Egypte (pays hôte) et la Libye aux côtés de son frère jumeau Losséni Paré. Dans cet entretien exclusif accordé à Letalon.net, ce dernier revient sur le niveau de l’arbitrage dans cette 33e CAN, la prestation de la Rwandaise Salima Mukansanga, première femme à officier un match de CAN. Avec lui, il a également été question de l’arbitrage burkinabè ou encore de l’élimination prématurée de certains favoris.

Letalon.net : Vous êtes au Cameroun depuis le début de cette 33e Coupe d’Afrique des nations de football. Quel est votre avis sur l’organisation de cette compétition ?

Lassina Paré : Je dois d’abord dire qu’aucune œuvre n’est parfaite. Ceci pour dire qu’il va toujours manquer quelque chose dans toute organisation. Je trouve donc que ça va parce que les plaintes ne sont pas aussi nombreuses que ce à quoi l’on s’attendait. Au départ déjà, ce n’était pas évident parce que certains observateurs voyaient un CAN au rabais. Mais je pense que sur le plan organisationnel, ça va. A mon avis, les organisateurs ont tiré leur épingle du jeu. Mais, cela n’exclut pas qu’il y ait des manquements. Pour le moment et à notre niveau, on est largement satisfait.

Letalon.net : L’Algérie, championne d’Afrique en titre, est sortie au premier tour, tout comme le Ghana. D’autres équipes comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire… Peut-on dire que cette 33e CAN n’est pas celle des favoris ?

Lassina Paré : Avec les 8es de finale, des surprises sont en train d’être vues. Le Ghana est sorti, l’Algérie, le Nigéria également qu’on voyait dans le carré d’as a malheureusement jeté l’éponge. La surprise, c’est que les pays dits moins nantis comme la Gambie et les Comores ont créé la surprise. C’est donc une CAN qui peut réserver une surprise à la fin parce qu’à voir le comportement des pays dits « petites nations » de football qui n’ont pas l’habitude des phases finales sont en train de créer l’exploit. On peut donc dire qu’il risque d’avoir une surprise au finish. Les grandes nations auxquelles on s’attend à la fin peuvent ne pas venir.

Letalon.net : En tant qu’ancien arbitre international, vous êtes très bien placé pour juger le niveau de l’arbitrage durant cette CAN. Quel regard jeté vous sur la prestation des hommes au sifflet ?

Lassina Paré : L’arbitrage ne sera jamais compris par les supporters. Eux regardent et leur souhait est que leur équipe gagne. Donc toute décision prise par l’arbitre en leur défaveur est décriée. Sinon avec l’utilisation de la VAR, il y a une certaine équité qui est recherchée et qui s’impose dans cette compétition et cela est de bon augure. Sinon, le comportement de mes collègues, de façon général, je sens que ça va. Mais, il faut dire qu’il y a quand même quelques difficultés qu’on peut rencontrer selon les matches parce qu’ils sont souvent difficiles. Et l’arbitre doit avoir un comportement qui puisse vraiment être à la hauteur de tout ce qu’on attend. Comme vous l’avez vu, dans le 8e de finale entre le Burkina et le Gabon, il y a eu plus de 10 cartons jaunes. Le match n’était pas pourtant haché mais tout cela dépend du comportement et de la personnalité de l’individu. S’il se trouve être quelqu’un d’un peu fougueux, quelqu’un qui n’aime pas le jeu dur, quelqu’un qui ne privilégie pas les observations avant le coup de fouet, on ne peut qu’avoir de telles situations. Sinon, il y a eu d’autres matches où les arbitres ses ont très bien comportés. Maintenant, on ne peut plus crier à l’injustice à partir du moment où la VAR est là, à moins qu’on ne dise aussi que la VAR décide mal comme c’est l’intention de certains. Mais, je pense que l’arbitrage, quand même ça va.

Letalon.net : Pourtant, la prestation de l’arbitre zambien Janny Sikazwe lors du match Mali vs Tunisie a défrayé la chronique. Ce dernier a sifflé la fin du match à deux reprises alors que la partie était loin d’être finie. Comme expliquez-vous cela ?

Lassina Paré : L’arbitre est un être humain, ça arrive. Moi-même qui vous parle, cela m’est arrivé à Ouagadougou au stade municipal où j’ai sifflé la fin du match avant. Dès que nous nous sommes retrouvés au rond central, mes assistants m’ont si ma montre n’était pas en déphasage. J’ai regardé, on a essayé d’échanger. Je me suis rendu effectivement compte que j’avais sifflé avant. J’ai rappelé les joueurs et on a joué les quelques minutes qui restaient. C’est dire que la loi l’autorise. Même quand on est déjà aux vestiaires et que l’arbitre se rend compte que le match n’est pas arrivé à son terme alors qu’il a sifflé, il doit revenir jouer le temps qui reste. Maintenant, le cas de l’arbitre en question, il semble qu’il avait un malaise. Vous aurez remarqué que la 2e fois qu’il a sifflé la fin du match, il n’est pas ressorti siffler la minute qui restait. C’est le 4e arbitre qui est venu parce qu’il avait été évacué à l’hôpital. Si c’était réellement une erreur de sa part, la CAF ne l’aurait pas gardé. Mais, on l’a encore mis dans les matches. Sinon, il faut que les gens comprennent qu’en tant qu’arbitre, ce sont des situations qui peuvent arriver. Si la machine se trompe, ce n’est pas l’homme qui ne peut pas se tromper.

Letalon.net : Pour la première fois, une dame en l’occurrence la Rwandaise Salima Rhadia Mukansanga, a officié un match de phase finale de CAN. Comment l’avez-vous vécu ?

Lassina Paré : Waouh. Avec ça, on peut dire que l’Afrique est en train d’évoluer positivement. On est en train de nous acheminer vers le niveau européen et cela est de bon augure. Ça fait plaisir de le voir ainsi. Et tenez-vous tranquille, elle a tenu son match et ça fait énormément plaisir. C’est aussi une manière de lancer l’arbitrage féminin qui a déjà commencé dans nos pays. Il faut aussi que les femmes arrivent à arbitrer les matches masculins pour s’aguerrir davantage. D’ailleurs dans notre pays au Burkina Faso, nous avons commencé à mettre des dames sur les matches masculins. Nous avons deux arbitres dames qui doivent sortir pour des compétitions africaines dans ce mois de janvier. Alors, la Commission centrale des arbitres (CCA) a décidé de les mettre sur des matches masculins pour mieux les aguerrir. Donc vous voyez que si les autorités se permettent cela au haut niveau, cela veut dire que nous sommes déjà sur la bonne voie. Vous ne serez pas surpris de voir des dames arbitrer notre championnat masculin dans les années à venir.

Letalon.net : Contrairement aux années précédentes, il n’y a qu’un seul arbitre burkinabè à cette CAN 2021 et qui plus est assistant. Comment expliquez-vous cela ?

Lassina Paré : Je ne suis pas d’accord avec vous quand vous dites un SEUL.  Le mot « seul » n’est pas bienvenu parce que l’Afrique, ce n’est pas seulement le Burkina Faso. Il y a une cinquantaine de pays qui constituent l’Afrique et si nous avons la chance d’en avoir un, on doit s’enorgueillir. Il y a des pays, de grandes nations de football, nos voisins que je ne nommerai pas qui n’ont pas d’arbitres ici. Qu’est-ce qu’ils diront eux ? Nous au moins avant un arbitre ici au Cameroun. Je crois qu’on doit reconnaitre sa valeur…

Letalon.net : J’insiste sur ma question. Doit-on parler de recul puisqu’aux dernières éditions, le Burkina a déjà présenté deux ou trois arbitres ?

Lassina Paré : Oui. Je reconnais quand même qu’il y a un petit recul. Mais ce n’est pas aussi criard qu’on puisse le penser. Comme je le dis, le fait d’avoir déjà quelqu’un en phase finale, cela veut dire quand même qu’on fait du bon travail au pays. Il faut donc persévérer dans le travail, ça va payer. C’est vrai qu’en son temps on avait deux ou trois arbitres en phase finale, mais sachez que les promotions ne sont pas les mêmes. Ces gens ont joué leur partition, ils sont partis. Il y a une nouvelle génération et on est en train de travailler pour voir dans quelle mesure ils peuvent nous représenter valablement dans les phases finales.

Interview réalisée à Yaoundé par Philippe BATIONO pour Letalon.net

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