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Hugues Fabrice Zango : « J’ai commencé ma carrière en 2011 par pur hasard »

Né le 25 juin 1993 à Ouagadougou, Hugues Fabrice Zango est aujourd’hui une référence mondiale du triple saut. Détenteur des records d’Afrique en salle (17.77 m, 2020) et en plein air (17.66 m, 2019), l’Athlète burkinabè ambitionne de décrocher une médaille olympique aux prochains Jeux. Aussi, le natif de Ouagadougou collectionne les médailles dorées (Jeux de la Francophonie 2017, championnat Afrique Asaba 2018, Jeux africains 2019 et circuit mondial en salle IAAF en 2020). Dans un entretien vidéo accordé à nos confrères de Burkinfo24 et transcris par nos soins, l’athlète se livre comme jamais auparavant. Des dizaines de minutes de pur bonheur, de découverte et de partage. Ainsi au regard de sa longueur, nous vous proposons l’interview en deux parties. LA seconde partie vous sera proposé ce samedi. Restez connecté à Letalon.net.

Champion Comment se porte Hugues Fabrice Zango ?

Ça va super bien. Je me porte bien. On a fini une année sportive et universitaire. Donc, tout va pour le mieux. Maintenant, on reprend tout doucement les activités. Les mois de septembre et d’octobre sont généralement très calmes au niveau de l’athlétisme. Toutefois, je continue de bosser afin d’avoir une marge de manœuvre dans la perspective des compétitions en janvier.

On sait que vous êtes doctorant…Y a-t-il une date arrêtée pour la soutenance ?

La soutenance de thèse est prévue en mai 2022. Donc, il y a encore du temps.

En cette période marquée par la COVID, comment conciliez-vous les mesures barrières et les entrainements ?

C’est très compliqué avec les mesures de restriction, notamment la fermeture des salles de sport. Nous sommes tous touchés. Il n’y a pas de favoritisme. Nous sommes dans une période précaire où la Covid reprend de l’ampleur en France. Dans les périphéries des grandes villes, ça va. Il n’y a pas encore une grande circulation du virus. Cependant, j’ai peur pour les semaines à venir. J’ai peur qu’on ferme nos salles de sport parce que cela aurait une conséquence sur ma préparation. Il faudrait alors que je trouve une solution. J’espère qu’on n’en arrivera pas là sinon il faudrait trouver des zones où les restrictions sont moins importantes pour l’entrainement.

Comment les choses se passent-elles avec les autres athlètes de ton club ?

Au club…. c’est assez familial et convivial. Avec les autres athlètes, j’ai de très bonnes relations. C’est vrai que c’est difficile de connaître tout le monde parce que c’est un club qui compte 700 athlètes. J’ai eu à m’entrainer avec une bonne dizaine d’entre eux avec qui j’ai eu de très bonnes relations. On s’entend bien, on s’invite. C’est l’un des meilleurs clubs de France.

Récemment tu as battu de nombreux records dont celui de l’Afrique en triple saut. Comment as-tu été accueilli par les membres du club après ces exploits ?

J’ai été bien accueilli au niveau du club et de l’université parce que l’université a également beaucoup joué en ma faveur. Elle m’a soutenu en aménageant mon calendrier parce qu’un doctorant a droit à cinq semaines de congés mais j’en ai un peu plus. Ce soutien m’a valu d’être nommé citoyen d’honneur de deux villes.

Comment le champion que tu es a-t-il débuté sa carrière ?

Cela a commencé comme tous les acteurs du Burkina Faso. C’est un pur hasard. Malheureusement, il n’y a pas une super politique qui permet de détecter les talents. C’est vraiment du hasard. J’ai été repéré pendant une compétition USSU-BF par monsieur Christian Sanou, mon premier coach. Il a beaucoup insisté au départ pour que je vienne m’entrainer. Je trainais un peu les pieds car je ne voyais vraiment pas l’intérêt de venir m’entrainer au stade du 4-Août surtout que j’étais à 10 kilomètres du stade. En plus de cela, il fallait prendre en compte les dépenses liées au carburant. Je ne voyais pas de retombées. Un jeudi soir, comme je n’avais pas cours, je suis juste allé voir. Une fois sur place, j’ai été un peu piqué dans mon orgueil. Je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de coordination dans mes mouvements. Il y avait de petits exercices pratiques que les autres faisaient pour s’échauffer et je n’arrivais pas à les faire. Cet orgueil m’a poussé à revenir deux jours plus tard. J’ai commencé à être piqué par le virus du sport. Chaque fois, j’en voulais plus.  Voilà comment cela a commencé en 2011 avec monsieur Christian Sanou au stade du 4-Août.

Comment as-tu gravi les étapes pour te retrouver là aujourd’hui ?

Il y a des étapes par lesquelles tout athlète passe. C’est l’euphorie au départ, on arrive, on veut tout casser. Et après, il y a la réalité. On se demande alors si on peut être le meilleur. En 2011, lorsque je suis arrivé au stade du 4-Août, j’ai cherché à savoir qui était le meilleur dans la discipline que je voulais faire, le triple saut. Il y avait un aîné qui s’appelle Thierry Adanabou qui était le meilleur. Il sautait autour de 15 m 80. Je me suis tout de suite fixé pour objectif de le rattraper. Ce n’était pas simple parce j’avais deux mètres de fossé. Mais, il y avait cette euphorie. J’ai pu franchir ces deux mètres rapidement. Au bout d’une année, j’avais réussi à me placer comme le meilleur triple sauteur au Burkina Faso. Je n’ai pas senti cette difficulté. Par contre, j’ai des amis qui ont fait cinq ans dans cette galère. J’ai franchi cette étape beaucoup plus facilement pour pouvoir me placer à la tête du triple saut burkinabè. Ensuite, il y a eu cette période où il fallait chercher les qualifications pour les compétitions extérieures. On a fouillé et on a trouvé le championnat mondial junior et d’autres compétitions qui pouvaient nous pousser un peu plus en termes d’ambitions.

Cette deuxième étape, c’est la recherche de minima pour pouvoir participer à de grandes compétitions. La recherche de minima est souvent marquée par des désillusions. Souvent tu pouvais passer toute une année sans avoir ces minimas. En athlétisme, on échoue plus qu’on ne gagne. Dans l’année, tu peux échouer à neuf compétitions mais la seule que tu as gagnée va te faire oublier la douleur des neuf autres. Cela a été compliqué parce que je cherchais les minimas du championnat d’Afrique. J’ai échoué à me qualifier pour les championnats d’Afrique en 2014 alors que j’étais à 3 centimètres des minima. Cela m’a beaucoup vexé. En 2015, j’ai intensifié mes entrainements en essayant de prendre en compte des paramètres comme l’alimentation. Tout de suite, ces entrainements m’ont propulsé à 16 m 76. J’étais déjà aux portes du haut niveau. J’ai fait le grand bond. C’est ainsi que ma carrière a été : j’échoue une année et je fais le grand bon l’autre année. Je n’ai pas eu beaucoup de difficultés. Par contre, il y a des étapes intermédiaires, notamment la gestion des blessures, qui sont difficiles. J’ai eu la chance de ne pas être souvent blessé.

Entretien transcrit par Shady COULIBALY (www.letalon.net)

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